
Kristopher Letang m’avait prédit il y a des mois que Mike Matheson serait le défenseur numéro un du CH et j’avais refusé de le croire
Le Journal de Montréal
Quelque part en août, je venais de gerber dans une poubelle après une séance d’entraînement épouvantable avec Kristopher Letang. Letang, qui avait à peine sué pendant que j’hyperventilais, m’a lancé une prédiction que j’étais incapable de prendre au sérieux.
Aucun dessein quelconque. Les micros étaient fermés. On jasait comme deux fans de hockey dans une taverne.
«Mike Matheson demeure le défenseur numéro un des Canadiens de Montréal. On s’en reparlera.»
J’ai sourcillé. Il a dû le remarquer parce que j’ai d’énormes sourcils. Mais bon, pour être franc, je n’y croyais pas une seconde. Comme ça venait d’un gagnant de trois coupes Stanley qui a lui-même joué avec Matheson à Pittsburgh, et parce que je n’ai même pas joué atome B, je me la suis fermée pendant un moment pour prendre la peine de l’écouter.
J’avais un doute raisonnable parce que je savais que Letang et Matheson étaient représentés par la même agence, Quartexx.
Il faut aussi comprendre que les Canadiens de Montréal avaient fait l’acquisition de Noah Dobson pendant la saison morte, que Lane Hutson avait remporté le trophée Calder et qu’on se demandait si David Reinbacher pouvait causer la surprise au camp d’entraînement.
Bref, les deux tiers de la ville de Montréal étaient prêts à échanger Matheson au plus sacrant pour maximiser sa valeur avant qu’il ne devienne joueur autonome sans compensation à l’été 2026.
À tort ou à raison (mais surtout à tort), Matheson était devenu la saison dernière le bouc émissaire des partisans, dont certains du côté anglophone l’avaient affublé d’un surnom absolument abject que je refuse d’écrire ici.
Pour tenter de me réconcilier avec les propos de Letang – parce que j’aimais bien Matheson, mais j’étais incapable de lui donner la chaise de numéro un –, je lui ai proposé que Matheson puisse être bien plus efficace l’an prochain en passant moins de temps sur la patinoire. Peut-être qu’il commettait des erreurs parce qu’il finissait par s’essouffler.
