
Une île du Bas-du-fleuve devenue un refuge pour les oiseaux du Saint-Laurent grâce aux efforts de son propriétaire
Le Journal de Montréal
Un ingénieur à la retraite s'est donné comme mission de faire revivre une petite île près de Trois-Pistoles qui est devenue par ses efforts un véritable refuge d'oiseaux.
Cette île du Bas-du-Fleuve est connue sous le nom de l’île aux Pommes: une île, achetée par le grand-père de Gaston Déry au prix de 125$ en 1946. Depuis, de génération en génération, jamais cette île n’a cessé d’appartenir à un membre du clan Déry.
«On m’a dit un jour que j’étais chanceux. Chanceux, parce qu’à la différence de bien des gens, j’avais trouvé ma mission sur terre. Ce n’est pas faux, c’est mon legs. Dans ma vie, j’aurai pu prouver qu’un citoyen ordinaire, lorsqu’il s’y met sérieusement, est vraiment capable de grandes choses.»
C'est son grand-père, David-Alexandre-Déry, dentiste de profession et écologiste avant l’heure, qui a commencé cette belle aventure. Au début des années 1980, encore fraîchement diplômé de génie forestier, Gaston Déry s'est désolé de ce qu’était devenue l’île que venait de lui céder son père.
«C’était un peu une terre de Caïn, se souvient-il, une espèce de caillou rocheux qu’on ne visitait qu’une fois par année, tellement il était inhospitalier.»
À cette époque, la petite île autrefois verdoyante était devenue le lieu de vie de dizaines de milliers de goélands et cormorans. Leur nombre était tel que plusieurs espèces de canards avaient été forcées de fuir et plus rien ne parvenait à y pousser tellement son sol, recouvert d’excréments, était devenu aride.
«Tout cela est difficile à imaginer aujourd’hui. Mais à l’époque, relate-t-il, les odeurs étaient si nauséabondes qu’elles prenaient à la gorge. Le soir ou par temps brumeux, on pouvait sentir l’île bien avant de pouvoir la voir et y accoster.»
Devant un tel spectacle, Gaston Déry affirme s’être alors fait une promesse: aider cette île à reprendre vie, à redevenir le milieu naturel propre à la faune, comme l'avait d’ailleurs observé sur place le frère Marie-Victorin une bonne quarantaine d’années plus tôt.
Gaston Déry est d’avis que lorsque la biodiversité est en détresse, l’humain ne devrait pas hésiter à intervenir, courir à son secours pour la protéger et lui donner la chance de revenir à la vie pour les générations futures.
