
Turbine Gazprom: pourquoi le Canada a pris la bonne décision
TVA Nouvelles
La compagnie Gazprom avait confié au Canada la réparation d'une turbine nécessaire au fonctionnement du gazoduc North Stream qui achemine le gaz naturel russe à l'Allemagne. Dans le contexte de l'invasion de l'armée russe en Ukraine, de nombreux intervenants ont âprement critiqué la décision du gouvernement fédéral d’en assurer le retour comme prévu, y voyant une entorse aux sanctions économiques adoptées par les pays de l'OTAN à l'endroit du régime de Vladimir Poutine.
Or le refus d’expédier cet équipement aurait nui avant tout à l’Allemagne et à plusieurs autres pays d’Europe tributaires du gaz pour s’assurer un minimum de confort en prévision de l’hiver et faire rouler leur économie déjà durement affectée. On se rappellera que le projet North Stream II qui devait doubler l’alimentation en gaz a été annulé, précisément en raison de la guerre en Ukraine.
Privée de la totalité de son approvisionnement habituel en gaz naturel, l’Allemagne serait obligée de recourir à d’autres combustibles fossiles comme le charbon ou de relancer l’utilisation tout aussi problématique de l’énergie nucléaire.
Il est vrai que l’Union européenne a trop tardé à amorcer un virage vers les énergies renouvelables. On peut en dire autant de l’Amérique du Nord qui, elle, profite cependant d’une plus grande autonomie énergétique et de frontières qui ne sont pas encore menacées par des envahisseurs. À l'exception bien sûr du flux migratoire des déshérités en provenance du sud.
Même s’il le voulait, le Canada, tout comme les États-Unis, serait incapable de pallier le déficit de gaz russe à court terme avec sa propre production de gaz naturel. Les infrastructures nécessaires à la liquéfaction du gaz exporté par bateau ne sont pas prêtes, et, du côté de l’Allemagne, la construction des infrastructures de réception et de reconversion de ce combustible à l’état gazeux prendrait des années.
En outre, le seul gaz naturel que peut fournir l’Amérique du Nord est extrait en quasi-totalité par fracturation hydraulique, un procédé qui émet dans l’atmosphère une plus grande quantité de méthane que le gaz russe issu de gisements conventionnels. Le méthane demeure un agent de réchauffement aussi important que le CO2 généré par la combustion du pétrole ou même du charbon, et cela, en dépit des efforts de réduction des émissions fugitives que déploie l’industrie canadienne des hydrocarbures.
C’est une mince consolation quand on songe aux conséquences de cette guerre qui minent les efforts de la communauté internationale dans sa lutte contre les changements climatiques.
Tout l’arsenal militaire que fournit l’Occident pour appuyer l’Ukraine ne fait malheureusement que prolonger un conflit qui a déjà causé des milliers de victimes, des millions d’expatriés et détruit de fond en comble une partie importante de leur territoire. Les coûts de reconstruction sont estimés à ce jour à quelque 750 milliards $.
