
Enquête | Institut de la statistique: les jeunes boudent la culture québécoise
Le Journal de Montréal
Une nouvelle étude révèle l’ampleur du désintérêt des jeunes Québécois envers la télévision, le cinéma et la musique fabriqués chez nous. Troublant fait saillant: moins de 4% des 15-29 ans écoutent surtout de la musique d’artistes québécois.
Menée en 2024 auprès de 16 000 personnes de 15 ans et plus par l’Observatoire de la culture et des communications, une branche de l’Institut de la statistique du Québec, l’Enquête québécoise sur les loisirs culturels et le divertissement, publiée lundi matin, dresse d’autres alarmants constats.
Toujours chez les 15-29 ans, plus de 80% des personnes interrogées ont affirmé qu’elles regardent principalement des films non québécois. Elles sont seulement 4,4% à préférer regarder le cinéma d’ici.
La télévision québécoise, qui vit une crise sans précédent marquée par d’incessantes annonces de mises à pied depuis quelques années, loge aussi dans l’angle mort des jeunes. À peine 8,2% des 15-29 ans privilégient les productions du Québec au petit écran.
On ne s’étonne pas d’apprendre que les Netflix et Prime de ce monde dominent dans cette tranche d’âge. Quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux optent pour les contenus des plateformes non québécoises de diffusion numérique, dévoile l’enquête.
Par ailleurs, la langue de la musique des 15-29 ans n’est de toute évidence pas celle de Félix Leclerc. Un peu plus de 5% écoutent surtout des chansons en français. Ce phénomène est générationnel, puisqu’à l’inverse, 24% des 60-74 ans et 47,2% des 75 ans et plus préfèrent la musique francophone.
Dans les circonstances, notre littérature s’en tire légèrement mieux, puisque 14,5% des 15-29 ans lisent surtout des auteurs québécois.
Un professeur en marketing à l’UQAM met un bémol. Selon Alexis Perron-Brault, les jeunes se détournent effectivement de la culture, mais surtout de celle mise de l’avant par les médias traditionnels.
«On remarque qu’ils regardent beaucoup de vidéos courtes sur YouTube, TikTok et Instagram. On n’a pas d’indications sur ce qu’ils regardent exactement, mais je vois qu’il y a beaucoup de créateurs québécois sur ces plateformes, que ce soit des balados ou des humoristes», observe-t-il.
