
«J'ai été la seule confidente de plusieurs femmes», confie Janette Bertrand qui, à 100 ans, lance le livre «Cent ans d’histoire: Vous m'avez raconté le Québec»
Le Journal de Montréal
Lorsque Janette Bertrand a invité les aînés à rédiger leur biographie pendant la pandémie, elle était loin de se douter qu’elle en recevrait plus de 2000. Inspirée par ces 2000 témoignages souvent bouleversants, la centenaire a écrit Cent ans d’histoire: Vous m’avez raconté le Québec.
Les aînés québécois (82% de femmes) se sont confiés à Janette Bertrand comme on le ferait avec sa meilleure amie.
«Il est certain que j’ai été la seule confidente de plusieurs de ces femmes. Il y en a beaucoup qui me disaient: “Vous êtes la seule à qui je peux le dire”», confie la rayonnante Janette Bertrand au Journal.
«Ces 2000 biographies, je les ai toutes lues. Les plus marquantes et les plus tristes sont celles de femmes qui avouent que leur mari a commis l’inceste. Comme cette dame qui a écrit que son mari l’avait fait à ses 12 ou 13 enfants et qu’elle le savait, mais qu’elle ne pouvait pas partir, car elle n’avait aucun moyen de le faire, aucune éducation, aucun métier, aucun moyen de subsistance. Ça, c’est triste», poursuit l'écrivaine.
Avec Cent ans d’histoire, Janette Bertrand nous fait plonger dans l’histoire du Québec d’avant la Révolution tranquille, comme l'ont vécue ces 2000 biographes anonymes.
Janette Bertrand y traite des thèmes les plus récurrents évoqués au fil de ses longues lectures. Puis elle les aborde à partir de son propre vécu. Enfin, elle fait appel à l’historien Laurent Turcot pour nous informer sur le contexte historique et religieux de l’époque.
L’accès à l’éducation, les violences faites aux femmes, la culture du viol, l’omniprésence de la religion, le pouvoir des hommes, la pauvreté, le mariage, les inégalités, les tabous, les châtiments physiques, la langue française et la mort ne sont que quelques-uns des thèmes abordés.
«On parle d’un temps que j’ai connu et qui n’est pas le Moyen Âge!», s’exclame l'animatrice, qui n’en revient toujours pas de ce qui lui a été raconté ni de ce qu’elle a vécu en cent ans d’existence.
