
Se déconfiner l’esprit
Le Journal de Montréal
Tout le monde craint les confinements. Être « assigné à résidence » est certes extrêmement pénible. Mais le pire de tous les confinements, celui qui nous dépouille de notre véritable liberté, c’est le confinement de l’esprit et des consciences.
Heureusement, les classiques intemporels de la littérature sont un remède à la pauvreté intellectuelle. Le congé des Fêtes étant propice à la lecture, voilà l’occasion de passer quelques heures en compagnie des plus grands cerveaux et d’en apprendre davantage sur notre société et les profondeurs de la nature humaine.
Bernays
Edward Bernays est méconnu du grand public. Il est pourtant le père fondateur de l’industrie des relations publiques et de la publicité. Neveu de Freud, Bernays s’enorgueillit d’utiliser les travaux de son oncle ainsi que les théories sur la psychologie sociale de Gustave Le Bon pour perfectionner et démocratiser la manipulation de l’opinion publique à des fins économiques et politiques.
En 1928, Bernays publie Propaganda. Il explique candidement comment façonner les opinions et les habitudes des masses à des fins d’ingénierie sociale. Il conseille le lobby du tabac, Procter & Gamble, la United Fruit Company, General Electric, John Rockefeller et le président américain Calvin Coolidge, et devient le maître incontesté dans l’art de la propagande.
La Boétie
Étienne de La Boétie est un géant de la littérature française. En 1576, âgé alors de 18 ans, il publie Discours de la servitude volontaire, une réflexion sociétale extralucide sur l’exercice du pouvoir et la propension des masses à obéir à leurs gouvernants. Cet essai de 70 pages n’a jamais cessé d’être d’actualité.
Ces deux ouvrages sont à lire lentement, à savourer et à méditer. Chose certaine, ils permettent d’appréhender notre société sous un éclairage édifiant. Et comme ils appartiennent au domaine public, on les trouve gratuitement en version PDF sur le web. Se déconfiner l’esprit n’a jamais été aussi accessible. Pourquoi s’en priver ?
