
Le «modèle québécois» à l’honneur
Le Journal de Montréal
Oui, nous sommes quelque chose comme un grand peuple, serait-on porté à se dire en terminant la lecture de cet ouvrage qui promet de redonner ses lettres de noblesse au « modèle québécois » de gouvernance. Ce noble rejeton de la Révolution tranquille, objet de convoitise ailleurs dans le monde, « se caractérise par une plus grande intervention de l’État dans l’économie, par des programmes sociaux mieux financés, par une redistribution de la richesse plus importante et par une concertation sociale beaucoup plus large entre l’État, les syndicats, la communauté d’affaires, le secteur financier et la société civile qu’ailleurs au Canada ».
Ce fameux « modèle québécois », aux antipodes du « modèle canadien », ne fait pas l’unanimité quant à sa définition. Pour certains, c’est parce que « l’État québécois serait plus interventionniste que le gouvernement de l’Ontario, par exemple ». Pour d’autres, « c’est la participation de la société civile dans la gouvernance publique qui représente le cœur de ce modèle ». Mais pour nos deux auteurs, « le modèle québécois est dans une certaine mesure un synonyme du “Québec inc.”, c’est-à-dire un modèle axé sur la concertation entre les grands acteurs économiques et le gouvernement, qui vise à favoriser la croissance économique au Québec et la propriété francophone des entreprises ». On peut le définir également « par une concertation sociale beaucoup plus développée entre l’État, les syndicats, la communauté d’affaires, le secteur financier et la société civile ».
Le modèle québécois a survécu aux nombreuses turbulences du temps et aux courants de droite venus de l’Ouest et du Sud. Les auteurs en veulent pour preuve le maintien de nos programmes sociaux et l’ajout de nouveaux, comme l’aide à la petite enfance, les congés parentaux et l’assurance médicaments, sans parler des nombreux programmes à caractère économique comme le Fonds des générations ou le Fonds d’investissement pour la relève agricole.
Plusieurs chercheurs ont contribué à cet ouvrage, dont Daniel Latouche et Luc Bernier, qui rappellent que le gouvernement de Jean Lesage a utilisé, dès 1961, le concept « d’État du Québec » qui visait à souligner l’importance de « la mise en place d’un appareil gouvernemental fort et propre aux Québécois ».
L’économiste Pierre Fortin, pour sa part, démontre que les Québécois se classent au deuxième rang des peuples les plus heureux, « tout juste derrière les Danois ». Selon l’économiste, « cela s’explique notamment par des taux d’éducation, d’emploi (notamment féminin), de chômage, de niveau de vie, de rémunération et d’inégalité en très nette amélioration depuis les années 1990, grâce aux politiques économiques, fiscales, sociales et familiales caractérisant le modèle québécois ».
Nous nous sommes également démarqués des autres provinces canadiennes non seulement par notre modèle économique interventionniste, mais aussi par notre présence sur la scène internationale, entre autres au sein de la francophonie et dans les festivals de chansons et autres événements culturels.
Nouveaux défis
De nombreux autres aspects sont ici analysés, comme la dimension de développement territorial avec la création, dans les années 1960, de l’Office de planification et de développement du Québec. Ou encore la lutte contre les changements climatiques où l’État québécois est très actif.
L’État québécois devra relever de nouveaux défis en matière d’énergie verte, nous dit X. Hubert Rioux, et l’État devra mettre sur pied des banques publiques vertes, comme cela se fait ailleurs dans le monde, ce qui devrait être facilité grâce à Investissement Québec.
