
La trahison des clercs
Le Journal de Montréal
En 1927, le philosophe français Julien Benda faisait paraître un essai qui allait le rendre célèbre, La trahison des clercs.
Dans ce pamphlet, Benda accusait les intellectuels de son époque – tant ceux de gauche que ceux de droite – d’avoir abandonné le monde des idées pour embrasser des idéologies.
DE PENSEURS À SOLDATS
Les intellectuels, disait-il, sont des libres penseurs qui basent leurs opinions sur des faits, alors que les idéologues mettent leur sens critique et leur liberté de pensée et de parole au service d’un camp.
Ce ne sont pas de vrais libres penseurs, ce sont des soldats, qui attaquent toujours le camp d’en face et défendent toujours leur camp, même si celui-ci a tort.
« Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison, ont trahi cette fonction au profit d’intérêts pratiques », écrivait-il.
L’obligation première d’un intellectuel, disait Benda, n’est pas de faire de la politique, d’entrer dans « les ordres » et de défendre bêtement les intérêts de son parti ou de son camp, c’est d’être vigilant.
Tu ressentais une certaine sympathie pour l’idéologie communiste et tu apprends que le régime qu’il t’arrivait souvent de défendre publiquement envoie des milliers de personnes dans des camps de rééducation ?
Tu dénonces ce régime !
