Un complot de trafic d’armes chinoises vers la Libye déjoué à Montréal
Le Journal de Montréal
Un complot allégué visant à exporter des armes en Libye pour permettre à la Chine de s'ingérer dans la guerre civile qui y fait rage a été déjoué à Montréal.
L'histoire digne d'un film de James Bond a pour toile de fond l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une organisation de l’ONU dont le siège est à Montréal et où les deux suspects travaillaient au moment des faits.
Selon l’enquête de l’Équipe intégrée de la sécurité nationale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Fathi Ben Ahmed Mhaouek, un résident de 61 ans de Sainte-Catherine, et son complice d’origine libyenne, Mahmud Mohamed Elsuwaye Sayeh, auraient tenté de mettre en place des stratagèmes alors qu’ils travaillaient tous les deux à l’OACI de 2018 à 2021.
Les crimes allégués se seraient produits à Montréal, à Brossard, en Tunisie, en Égypte, en Libye et en Chine. Les deux suspects auraient notamment tenté de contourner les sanctions internationales en vigueur contre la Libye.
La police croit qu'il y aurait eu une tentative de vendre des armes, notamment des drones avec une grande capacité d’attaque et plusieurs missiles, à une faction militaire soutenue par la Chine. Depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aux prises avec des guerres civiles incessantes.
«C’est un cas classique de tentative d’ingérence chinoise, pilotée à partir du Canada. La Chine supportait alors une faction en particulier, la faction du maréchal Khalifa Haftar. Si le stratagème avait fonctionné, cela aurait favorisé la faction du maréchal Haftar», explique le sergent Charles Poirier, porte-parole à la GRC.
«Cela aurait été une violation directe du Règlement d’application des résolutions des Nations Unies et des mesures économiques spéciales visant la Libye. Ce règlement a été adopté justement pour éviter de supporter l’une ou l’autre des factions en Libye et ainsi augmenter la violence dans la région», indique aussi le sergent Poirier.
L’Armée nationale libyenne, dirigée par Khalifa Haftar, s’oppose au gouvernement d’union nationale, dont la légitimité a été reconnue par l’ONU. Elle bénéficie notamment de l’appui de la Russie et de l’Arabie saoudite.
Parallèlement à ce stratagème, les deux accusés auraient tenté d’exporter du pétrole de la Libye en Chine sous le couvert de sociétés-écrans.