
Les grands défis des Jeux olympiques de Paris: matières fécales, pirates et nettoyage social
Le Journal de Montréal
Paris a pris un pari audacieux, 100 ans après ses derniers Jeux olympiques: celui de tenir non seulement sa cérémonie d’ouverture, mais aussi, certaines de ses épreuves de natation et de triathlon, dans la Seine. Le hic, c’est qu’à trois semaines des J.O., il y avait encore trop de matières fécales dans le fleuve mythique pour pouvoir s’y baigner, malgré les 2 milliards $ investis pour le dépolluer. Impliquée dans un contre-la-montre avant le début des Jeux, la mairesse de Paris a finalement pu s’y baigner le mercredi 17 juillet. Il faut maintenant espérer que les eaux demeurent propres.
Les compétitions de surf de ces Jeux olympiques se dérouleront sous le chaud soleil de Tahiti. Mais la tenue des épreuves dans ce lieu paradisiaque ne se fera pas sans heurts. La construction d’une tour aux abords du lagon de Teahupo’o, qui doit abriter les juges et les journalistes, a endommagé la barrière de corail qui s’y trouve. Et l’on craint que la déconstruction de l’infrastructure ne lui cause encore plus de torts. La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, avait d’ailleurs promis des Jeux «verts». Des experts sonnent toutefois l’alarme: 1,5 million de tonnes de CO2 seront émises durant les Olympiques, soit autant que les émissions de 150 000 Français pendant un an.
La sécurité, notamment la menace d’attentats, est toujours l’un des enjeux majeurs entourant les Jeux olympiques, et non, Paris ne fera pas exception. Si bien que les organisateurs ont recruté des policiers et des soldats de partout en France, mais aussi, d’un peu partout dans le monde, afin de s’assurer de protéger tant les quelque 15 millions de visiteurs que les athlètes. Environ 30 000 policiers et 17 000 agents de sécurité seront d’ailleurs déployés chaque jour. Mais parmi les craintes, il y en a également de plus «modernes», comme celles des cyberpirates qui pourraient menacer les entreprises françaises.
Ce sont 12 545 personnes qui ont été expulsées de Paris entre avril 2023 et mai 2024 puis envoyées en région, dénonce un collectif composé de 90 organismes, qui parle d’un «nettoyage social», puisqu’il s’agissait selon leurs rapports de gens «en situation de précarité». Coordonnateur chez Médecins du Monde, Paul Aulzy estime que les autorités veulent que la France apparaisse «de la manière la plus flatteuse». Elle «enlève les gens qui sont l’espace public pour y vivre ou travailler», dit-il, en parlant de «sans-abri, de réfugiés et aussi de travailleuses du sexe».
