
VinFast VF 9 2024 : ces damnés crédits gouvernementaux...
Le Journal de Montréal
Le moins que l’on puisse dire, c’est que VinFast connaît un succès fulgurant. Bien que le constructeur refuse de partager ses chiffres de ventes, la quantité de VF 8 aperçus sur les routes du Québec est déjà fort impressionnante. Cela s’explique par le fait que le premier modèle de la marque se positionne directement dans la mire du Tesla Model Y, dans un format recherché par une grande quantité d’acheteurs, et avec une proposition financière difficile à battre.
En pleine lancée, le constructeur vietnamien débarque ces jours-ci avec le second modèle de la gamme, le VF 9. Celui-ci sera suivi dès l’an prochain par les VF 6 et VF 7, et tente pour l’heure de placer la barre un peu plus haute afin que la perception de la marque face au public soit encore plus positive.
Le lancement d’une nouvelle marque inquiète souvent la clientèle. Celle-ci peut se montrer craintive quant à son avenir, à la qualité du produit, à l’application de la garantie et même à la disponibilité des pièces. Et nombre de marques n’ont duré au mieux que quelques années, voire quelques mois. Pensez à Daewoo, mais plus récemment à Fisker, qui n’aura eu le temps d’écouler que quelques dizaines d’unités dans la Belle Province, avant que sa faillite soit officiellement annoncée.
Voyez le VF 9 comme l’alternative électrique aux Ford Explorer, Honda Pilot et Volkswagen Atlas. Un VUS à trois rangées de sièges, aux lignes fort réussies, et qui se démarque par sa polyvalence et son impressionnant volume intérieur. En quelque sorte, c’est une riposte au premier véhicule électrifié du genre, le Tesla Model X. Certes, sans portes en ailes de mouette (!), mais pour une facture inférieure par plus de 40 000 $.
Le VF 9 n’a pas la prétention de jouer une carte aussi « prestigieuse » que celle du Model X, bien que l’on puisse facilement contester l’aspect luxueux des produits Tesla. Or, la finition n’a rien à envier à celle du constructeur américain, qui ne se démarque pas à ce chapitre, et qui n’a que peu fait évoluer son Model X depuis son introduction en 2016. À première vue, le VF 9 semble donc très attrayant face à Tesla. Or, l’ennemi juré du VF 9 ne se situe pas du côté de Tesla. Il faut plutôt observer le succès fulgurant du Kia EV9 pour réaliser que ce dernier lui fait déjà de l’ombre. Parce que son style est tout aussi réussi que la robe du VF 9 signée Pininfarina, et parce que son habitacle est nettement plus riche. Plus riche que chez Tesla, même que chez certaines marques soi-disant prestigieuses, mais qui nous servent du contenu de plus en plus générique.
Cela dit, si le Kia EV9 constitue LA principale menace au VF 9, c’est en raison de son admissibilité aux crédits. En effet, Kia a su jouer ses cartes intelligemment afin que l’ensemble des versions, incluant celles à quatre roues motrices avec les plus gros groupes d’options, puissent être admissibles aux pleins crédits de 12 000 $ actuellement applicables au Québec. Par conséquent, un Kia EV9 à quatre roues motrices avec ensemble GT-Line et vendu à 82 000 $ coûte 10 000 $ de moins que le VinFast VF 9 Plus, dont la facture est de 81 000 $.
Cela s’explique par le fait que Kia affiche à 64 995 $ une version « de base » de son modèle à rouage intégral, et que les versions plus luxueuses soient simplement offertes en tant que groupes d’options. À l’inverse, VinFast propose un prix d’entrée à 74 890 $ (77 308 $ avec les frais) pour sa version Eco, facture se situant au-delà du plafond d’admissibilité de 65 000 $. Et attention, ce prix de 74 890 $ avait été abaissé de 27% avant même son arrivée sur le marché, alors que la facture initiale de 103 750 $ se rapprochait davantage de celle du Tesla Model X. Or, Vinfast a vite réalisé qu’à ce prix, les chances de succès étaient nulles.
