
Privatisation de l’eau: une entreprise québécoise suscite la grogne au Sénégal
Le Journal de Montréal
Une entreprise québécoise impliquée dans la privatisation d’une partie de l’eau potable au Sénégal est visée par un important mouvement de contestations de citoyens qui s’opposent aux tarifs jugés exorbitants et aux nombreuses coupures de service.
Le nom d’Aquatech n’est pas familier pour la majorité des Québécois. Pourtant, l’entreprise dont les bureaux sont situés à Montréal et Longueuil fait affaire avec de nombreuses municipalités partout au Québec en matière de gestion d’eau.
Mais au Sénégal, sa filiale ne passe pas inaperçue.
«Aquatech est une des boîtes les plus connues du Sénégal aujourd’hui », affirmait Alioune Badara Kane, journaliste pour l’émission de télévision matinale sénégalaise Kinkeliba diffusée le 8 juin 2021.
«On a tout perdu»
En 2016, Aquatech a décroché un contrat pour 10 ans de gestion des forages dans les régions rurales de Thiès et Diourbel pour approvisionner en eau 2 millions de Sénégalais. Ses activités ont commencé en 2018.
«Après l’arrivée d’Aquatech, les tarifs par mètre cube ont augmenté et ils ont coupé l’accès gratuit aux écoles et aux cliniques rurales», explique à notre Bureau d’enquête Meera Karunananthan, professeure de géographie à l’Université Carleton à Ottawa et spécialiste de justice sociale de l’eau.
Ce fut également le cas pour les lieux de cultes.
«L’argent qui aurait pu être utilisé ailleurs doit maintenant servir à payer de l’eau [...] les conséquences de cette facturation de l’eau sont énormes», nous dit pour sa part Fatou Diouf, coordonnatrice de projet pour l’Afrique francophone pour la fédération syndicale Internationale des services publics.
