
Gaétan Girouard: onde de choc: «Pour nous, le documentaire a été très bénéfique» – Natalie Préfontaine, veuve du journaliste
Le Journal de Montréal
Jean-Philippe Dion revient sur le parcours du journaliste Gaétan Girouard, un homme qui défonçait des portes à l’émission J.E pour démasquer les crapules ou les injustices. Rien ne semblait l’arrêter, comme on le constate dans le touchant documentaire Gaétan Girouard: onde de choc, qui sera diffusé le 11 janvier à TVA.
Quand il a commis l’irréparable le 14 janvier 1999, tout le Québec a été touché droit au cœur. Gaétan Girouard était dans le quotidien des gens par la nature de son travail à TVA. Le grand gaillard coanimait J.E en direct avec son amie Jocelyne Cazin et il venait de couvrir la campagne électorale de l’automne 1998. On apprend qu’il avait déjà traversé des épisodes difficiles sur le plan de la santé mentale, et son manque de confiance, malgré ce qu’il dégageait à l’écran, est aussi évoqué.
Épuisé, amaigri et sous pression constante, notamment à cause de poursuites totalisant des dizaines de millions de dollars, Gaétan Girouard souffrait d’une dépression sévère, découvre-t-on dans le documentaire, un état de détresse dont tout le monde ignorait la portée, y compris sa femme, Natalie Préfontaine. Seul son médecin savait.
«J’ai accepté de participer au documentaire pour qu’on se remémore Gaétan et aussi pour mes filles, car elles étaient jeunes quand cet événement douloureux est arrivé. Pour les petits-enfants aussi», a dit sa veuve, parlant d’«une nouvelle thérapie familiale» en entrevue avec l’Agence QMI.
«Que nos filles puissent jaser ouvertement et sans pudeur de leur père, de ce qui est arrivé, qu’elles puissent voir aussi tous les souvenirs. Pour nous, le documentaire a été très bénéfique et si ça peut faire œuvre utile auprès du public, tant mieux», a ajouté Mme Préfontaine.
25 ans après la disparition de Gaétan Girouard, Jean-Philippe Dion se penche sur le parcours de l’homme qui n’avait que 33 ans au moment de son décès. Parce qu’il a déjà été touché par les enjeux de santé mentale de sa mère dans son enfance, l’animateur et producteur sait que le sujet est délicat. Surtout quand il est question de suicide et qu’on ne veut absolument pas glorifier ce geste et susciter un effet d’entraînement. Il y a d’ailleurs eu un avant et un après Gaétan Girouard en matière de traitement journalistique en ce qui a trait au suicide.
Jean-Philippe Dion fait son travail avec respect et bienveillance dans le documentaire que l’Agence QMI a vu. Sa mission est de sensibiliser les Québécois aux enjeux touchant à la santé mentale et aux ressources qui existent, les premières étant entre les mains de chacun d’entre nous.
«Une piste de solution, évoquée par Jocelyne Cazin dans le documentaire, c’est d’apprendre à s’écouter et à se parler, de communiquer entre nous si on voit que quelqu’un ne va pas bien. On a le devoir collectif de partager de l’information», a dit l’animateur et producteur.
«Plus on a avancé dans le documentaire, plus on a compris les nuances qu’on devait avoir et la délicatesse de l’approche. Oui, on comprend au départ que Gaétan Girouard était un homme aimé, au sommet de sa carrière, ensuite on comprend les raisons pour lesquelles il a commis l’irréparable, et on propose des pistes de solution, ce qui était très important pour moi. Le gouvernement Legault devra réagir, car il y a clairement des problèmes avec le secret professionnel lié à la santé mentale. Ça va être mon cheval de bataille pour les prochaines années», a souligné Jean-Philippe Dion, rappelant qu’il y a de l’aide pour ceux et celles qui en ont besoin, notamment en composant le 1 866 APPELLE.
