Drag-queens du Québec: «On donne trop la parole aux gens qui disent n’importe quoi», selon Mado Lamotte
Le Journal de Montréal
C’est grâce à une pionnière de la scène drag que les carrières de Rita Baga, Gisèle Lullaby, Lady Boom Boom et autres Tracy Trash sont en plein essor. Son nom: Mado Lamotte. Celle-ci les a en effet accueillies une à une dans son mythique cabaret, rue Sainte-Catherine, où elles ont façonné leur étoile.
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Doyenne de la scène drag québécoise avec ses 36 années d’expérience, Mado Lamotte a vu le métier évoluer, se transformer. À ses débuts, son art était relayé à l’underground, aux performances nocturnes «presque cachées» dans les bars de la métropole. Le terme drag-queen n’était même pas encore utilisé pour désigner ces créatures de la nuit qui émergeaient, en plein cœur des années 1980.
Soirées bingo
Mado Lamotte a donc commencé son ascension bien avant que RuPaul et ses Drag Race catapultent ses Bianca Del Rio, Trixie Mattel ou Jimbo au firmament des stars. Son étoile à elle a atteint son zénith au début des années 1990 grâce à ses désormais célèbres soirées de bingo, présentées à guichets fermés devant un millier de personnes chaque soir. Et elle n’a toujours rien perdu de son éclat.
«Il n’y avait pas de réseaux sociaux, pas d’internet pour nous faire connaître. Mais en 1992, on remplissait quand même le Spectrum de Montréal. Mado n’était pas connue, mais les gens étaient quand même curieux de découvrir cette bibitte-là», se rappelle-t-elle en riant.
La suite, on la connaît. Son Cabaret Mado, ouvert au tournant du millénaire, est rapidement devenu une destination incontournable pour les drag-queens d’ici et d’ailleurs. Et ils sont de plus en plus nombreux à s’entasser, soir après soir, dans l’établissement du Village de Montréal pour les voir s’exécuter sur scène. Une montée en popularité qui n’est pas sans déplaire à certains, bien évidemment.
«Quand un phénomène prend de l’ampleur comme c’est le cas avec la drag, les gens se mettent à chialer. Je pense qu’on donne trop la parole aux gens qui disent n’importe quoi sur les réseaux sociaux, qui décident de bitcher sur un sujet pour avoir de l’attention», remarque-t-elle.
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