Des bactéries contre le cancer du sein
Le Journal de Montréal
Le succès du traitement de certains types de cancers du sein peut augmenter grâce à un métabolite formé par certaines bactéries intestinales.
Environ 12 % de tous les cancers du sein sont des cancers triples négatifs (TNBC), c’est-à-dire qu’ils n’expriment pas les récepteurs des œstrogènes (ER-), de la progestérone (PR-) ou du facteur de croissance épidermique humain (HER2-). Cette caractéristique limite considérablement les options thérapeutiques, car les traitements les plus efficaces contre le cancer du sein bloquent spécifiquement la croissance tumorale stimulée par un ou l’autre de ces récepteurs.
Le pronostic associé à ce type de cancer est donc généralement moins bon que pour d’autres formes de cancers du sein, d’autant plus que le TNBC a tendance à être un type de cancer agressif, qui est souvent diagnostiqué à un stade plus avancé et qui a un fort potentiel de former des métastases. Il est donc urgent de découvrir de meilleurs traitements contre ce cancer, surtout qu’il touche de façon disproportionnée les femmes plus jeunes, avant l’âge de 40 ans.
Les avantages et limites de l’immunothérapie
Une de ces nouvelles approches thérapeutiques les plus prometteuses est sans doute l’immunothérapie, basée sur l’utilisation d’anticorps qui activent le système immunitaire et permettent à certains globules blancs (les lymphocytes cytotoxiques CD8+) d’attaquer les cellules cancéreuses.
Cette approche a permis d’obtenir des guérisons remarquables pour plusieurs cancers très agressifs et de stade avancé qui étaient auparavant considérés comme incurables (les mélanomes métastatiques, en particulier). Ces succès ne sont cependant pas universels : certains cancers demeurent insensibles à l’immunothérapie et, même dans le cas des cancers qui y répondent, on observe une absence totale de bénéfice sur la survie de certains patients. Les mécanismes responsables de cette résistance sont complexes, mais il a été récemment montré que la composition du microbiome intestinal (les centaines de milliards de bactéries présentes dans notre tube digestif) pourrait jouer un rôle important dans ce phénomène (1).
TMAO anticancéreux
Le cancer du sein triple négatif est un bon exemple de cette résistance à l’immunothérapie, avec seulement une minorité des patientes qui répondent favorablement au traitement. Pour déterminer si les bactéries intestinales pourraient être responsables de ces différences de réponse, des chercheurs ont analysé en détail la composition de 360 échantillons provenant de cancers TNBC (2).
De façon surprenante, ils ont tout d’abord observé que ces tumeurs étaient colonisées par une vaste communauté de bactéries et qu’il existait des différences importantes entre les tumeurs sensibles et insensibles à l’immunothérapie. En particulier, ils ont noté que les tumeurs sensibles présentaient des niveaux beaucoup plus élevés de bactéries du genre Clostridia et d’un métabolite produit par ces bactéries, la triméthylamine N-oxyde (TMAO).