Le fleurdelysé tatoué sur le cœur La Caisse a-t-elle perdu sa sensibilité québécoise ?
Le Journal de Montréal
Si le hockey a connu des trios formidables comme la Punch Line de Maurice Richard, le Québec inc. a pu compter sur une ligne toutes étoiles avec Jean Campeau, Michel Nadeau et Jean-Claude Scraire, trois dirigeants vites sur leurs patins qui ont mené la destinée du bas de laine des Québécois pendant plus de 20 ans.
« Je crois que c’est mon meilleur coup, d’avoir embauché Michel Nadeau et Jean-Claude Scraire. Ils n’ont pas eu de misère à aimer le Québec, ils l’aimaient déjà », se rappelle Jean Campeau, qui a dirigé la Caisse entre 1980 et 1990.
À l’époque, la Caisse prête surtout de l’argent aux entreprises. Mais les dirigeants voient plus grand, ils veulent entrer au capital, devenir actionnaires, aider les PME et les faire progresser à l’international. C’est le moment où le Québec inc. prendra son envol.
« Nous n’avions pas de culture entrepreneuriale forte. On l’a développée et on a donné des outils aux entrepreneurs québécois pour grandir, on a créé les leaders de demain », raconte Michel Nadeau, ancien numéro deux de la Caisse.
« Bien sûr, on regardait le rendement financier, mais on se demandait toujours ce qu’on pouvait faire pour l’économie du Québec », constate Jean-Claude Scraire, patron de l’institution entre 1995 et 2002.
Dans l’intervalle, Michel Nadeau met aussi en place un programme de stages pour les finissants des écoles de commerce dans les firmes de courtage afin de leur permettre de bien comprendre la finance.
Un coup fumant, Vidéotron
En 2000, la Torontoise Rogers veut mettre la main sur Vidéotron qui appartient à la famille Chagnon. Une entente est signée, mais la Caisse, également actionnaire, bloque la transaction.
« À l’interne, on voulait encourager Québecor. On savait qu’il était important de supporter l’entreprise et on devait tout faire pour garder une technologie émergente au Québec », se rappelle Michel Nadeau.