Le Canada n’est pas prêt pour la guerre des câbles sous-marins qui menace nos communications
Le Journal de Montréal
Le sabotage de câbles sous-marins de télécommunication en Europe ces derniers jours démontre le risque qui pèse sur ces infrastructures dont dépendent notre économie et notre sécurité, et le Canada n’est pas prêt à faire face à cette menace de guerre hybride.
«Détruire les télécommunications et d’autres types de câbles est une manière efficace de paralyser, en partie, la société», a déclaré le premier ministre suédois Ulf Kristersson, soulignant avec son homologue danois le risque accru d’attaques hybrides du genre contre les membres de l’OTAN.
La marine danoise a arraisonné mercredi un navire marchand chinois piloté par un commandant russe qu’elle soupçonne d’avoir endommagé deux câbles sous-marins qui relient la Suède à la Lituanie et la Finlande à l’Allemagne par la mer Baltique. En fin de journée hier, CNN évoquait aussi la possibilité d’un accident.
Ces brins de fibre optique sont hautement stratégiques car ils transportent plus de 95% des communications de la planète. Les appels cellulaires, les transactions bancaires, les vidéos YouTube, les communications cryptées des gouvernements, etc. Tout y passe.
Plusieurs d’entre eux ont été sabotés depuis deux ans et l’armée américaine a détecté un accroissement des activités russes autour de câbles sous-marins de l’Atlantique Nord qui nous relient à l’Europe.
Pour Rob Huebert, professeur à l’Université de Calgary et chercheur à l’Institut Macdonald-Laurier, il n’y a pas de doute: nous sommes menacés et la menace ne fait que croître puisqu’attaquer les câbles est une des multiples méthodes qu’ont adoptées Moscou et Pékin pour harceler les alliés.
Or, «le Canada n’est absolument pas prêt» à faire face à cette guerre, indique l’expert en défense. Il explique que nous n’avons pas la capacité de surveiller les câbles sous-marins, ni de les réparer s’ils sont endommagés. Comme pour beaucoup de choses, «nous assumons que les Américains ont les capacités», déplore-t-il.
Mais la marine américaine n’a que deux navires capables de réparer ou de remplacer les câbles sous-marins, tous propriétés d’entreprises privées, indique le Centre d’études stratégique et internationale, à Washington. Huit sénateurs démocrates et républicains ont d’ailleurs adressé une lettre au président Biden il y a tout juste un mois demandant un examen de la vulnérabilité des câbles et un renforcement de la sécurité.
