La femme qui a dénoncé Pornhub croit que le ménage n'a pas encore été fait
Le Journal de Montréal
Une activiste américaine qui a joué un rôle majeur dans l’éclatement du scandale de Pornhub croit que toute la lumière n’a pas encore été faite sur les pratiques qui ont eu cours au sein de l’entreprise québécoise exploitant ce site.
Dans son livre Takedown, publié cet été, l’Américaine Laila Mickelwait, présidente de Justice Defense Fund, raconte à la première personne comment elle en est venue à s’engager aussi personnellement dans la lutte contre le trafic sexuel illégal allégué et la porno juvénile sur le site XXX le plus visité au monde.
«Il y a encore tellement à faire pour tout exposer et amener une imputabilité», a indiqué cette ennemie jurée de Pornhub lors d'un échange avec Le Journal.
Une douzaine de poursuites ont été déposées depuis l’éclatement du scandale de Pornhub en 2020, au Canada et aux États-Unis.
Une enquête criminelle a aussi été réclamée en 2021 par des parlementaires canadiens, mais la Gendarmerie royale du Canada a récemment refusé de faire des commentaires pour dire où c’en était.
À la fin 2023, Aylo (la firme qui exploite Pornhub) s’est entendue avec la justice américaine pour s’éviter un procès criminel, mais elle a admis s’être enrichie avec les fruits de la traite de personnes dans un but d’exploitation sexuelle. Elle a dû payer 1,85 M$ US, en plus de devoir dédommager des victimes.
On apprend notamment dans Takedown que c’est Mickelwait qui aurait alerté le New York Times en 2020 sur les pratiques de Pornhub. C’est un article bombe du chroniqueur Nicholas Kristof en décembre 2020 qui a donné une portée planétaire à ce scandale et mené au retrait de 80% des vidéos sur le site.
Micklewait aurait aussi été en contact avec l’avocat Michael Bowe, qui a déposé une poursuite phare contre Aylo en Californie, en représentant Serena Fleites. «J’ai 19 ans, mais je me bats depuis des années pour enlever des vidéos de moi, enfant, sur Pornhub», affirme Fleites dans le livre.
La poursuite de Fleites suit son cours, mais une décision du juge dans ce dossier a déjà mené les firmes de cartes de crédit à couper tous les ponts avec Pornhub.
