Entrevue exclusive avec Éric Lapointe: «Je pense que j’ai encore ma place»
Le Journal de Montréal
Au travers des regrets qu’il éprouve concernant le dossier de voies de fait sur une femme et des doutes sur la qualité de l’album qui marque son retour sous les projecteurs, Éric Lapointe estime encore avoir sa place au sein du showbiz québécois.
«Choisir ce métier-là, c’est choisir la critique, choisir le jugement des autres et choisir l’insécurité», confie Éric Lapointe au Journal, vendredi, le jour du lancement de l’album Je marche dans ma vie. «Mais je pense que j’ai encore ma place.»
Depuis qu’il a plaidé coupable pour des voies de fait sur une femme, en octobre 2020, le chanteur a donné quelques spectacles en régions devant des fans fidèles qui semblent prêts à lui pardonner ses erreurs et à lui accorder une seconde chance. Quand on lui demande de revenir sur ses démêlés avec la justice, Éric Lapointe demeure prudent. «Tout a déjà été dit et écrit; la seule chose que je peux redire c’est que je regrette profondément», s’est contenté de mentionner Lapointe au Journal, au sujet de son aveu de culpabilité.
Pour lui, il est maintenant temps «d’assumer» son nouvel album, qui cimente son retour en chanson. Je marche dans ma vie est le 16e opus de l’artiste québécois, et celui qui l’a rendu le plus nerveux. «Tu as toujours peur de la réaction des gens, peur de ne pas être aussi bon que sur le dernier album, peur d’être dépassé», explique Lapointe, qui aura 54 ans à la fin du mois, au sujet de sa nervosité. La rockstar derrière La Bartendresse et N’importe quoi le dit lui-même: «ça fait longtemps que je sais qu’on ne m’appellera pas pour faire les annonces de lait [...] pourquoi j’essaierais de brosser un portrait différent dans mes chansons?», laisse-t-il tomber, pour expliquer ne pas avoir de «personnage de scène».
Il se met d’ailleurs à nu sur Bête à nourrir et Cœur cassé, deux titres qui figurent sur son dernier essai. La saveur plus hard rock et les paroles – surtout le titre – de Bête à nourrir mènent à croire que Lapointe aborde son alcoolisme, alors qu’il parle en fait de ses problèmes d’excès en général.
«Ça peut être la boisson, ça peut être les femmes, ça peut être la coke, ça peut être la gloire, le luxe, la bouffe [...] ma bête c’est l’excès», reconnaît-il, en précisant qu’il est présentement en contrôle de ses excès, sans toutefois être sobre à 100%.
Je marche dans ma vie comprend 11 titres, qui passent des balades rock avec des gémissements de guitare électrique jusqu’à des sons qui en mènent beaucoup plus large en intensité. Les amoureux du Éric Lapointe des années 2000 seront fous d’entendre, sur Dernier whisky, dernier titre de l’album, que La Bartendresse connaît finalement sa fin heureuse.
Tant qu’on voudra le voir monter sur une scène, «Ti-Cuir» n’entend pas tirer sa révérence.
«Je suis un musicien et un chanteur, je ne sais rien faire d’autre», affirme-t-il, lorsque Le Journal l’a rencontré, vendredi. «Si c’est dans une petite taverne, ça va être ça.»