La politique russe de transfert d’enfants ukrainiens est un crime de guerre, selon l’ONU
Radio-Canada
Le transfert par la Russie d'enfants ukrainiens dans les zones sous son contrôle en Ukraine ainsi que sur son propre territoire constitue un « crime de guerre », a affirmé jeudi un groupe d'enquêteurs de l'ONU, qui pointe aussi de possibles crimes contre l'humanité.
Concernant les accusations de génocide, le groupe d'enquêteurs ne l'a pas constaté, a déclaré aux journalistes Erik Mose, un des trois commissaires chargés des investigations, soulignant toutefois que certains aspects peuvent soulever des questions concernant ce crime.
Nous poursuivrons ces enquêtes si notre mandat est prolongé début avril par le Conseil des droits de l'homme, a-t-il promis, à l'occasion de la publication du premier rapport du groupe qu'il préside.
Dans ce document, la Commission d'enquête conclut que les situations qu'elle a examinées concernant le transfert et la déportation d'enfants, à l'intérieur de l'Ukraine et vers la Fédération de Russie respectivement, violent le droit international humanitaire et constituent un crime de guerre.
Selon Kiev, 16 221 enfants ont été déportés en Russie jusqu'à fin février, des chiffres que la Commission n'a pas pu vérifier. Mais elle pointe du doigt les mesures juridiques et politiques prises par des responsables russes concernant le transfert d'enfants ukrainiens, et le décret présidentiel en mai 2022 facilitant l'octroi de la citoyenneté russe à certains enfants.
Réagissant au rapport, l'ambassadrice allemande à Genève Katharina Stasch a qualifié les crimes russes d'odieux : C'est pourquoi nous voulons inclure explicitement l'enquête sur les enlèvements d'enfants dans le nouveau mandat de la commission d'enquête .
La Commission a également constaté que les vagues d'attaques menées par les forces armées russes à partir du 10 octobre 2022 contre les infrastructures énergétiques de l'Ukraine et le recours à la torture par les autorités russes pourraient constituer des crimes contre l'humanité , a indiqué M. Mose.
Les enquêteurs ont pu identifier un schéma de détention illégale généralisée dans les zones contrôlées par les forces armées russes, visant de nombreuses personnes, y compris des femmes et des enfants. Dans certains centres, certaines personnes sont systématiquement torturées.
La Commission a également tenté de vérifier si le bombardement et le siège de Marioupol, au sud-est de l'Ukraine, pouvaient constituer un crime contre l'humanité. Elle a conclu qu'il lui manquait des éléments pour parvenir à une telle conclusion, n'ayant pas eu accès à la région de Donetsk, où se trouve Marioupol, une cité portuaire assiégée des mois durant par l'armée russe avant de tomber en mai 2022.