L’inflation réduit le volume des poubelles et le salaire des « binners » en Argentine
Radio-Canada
Avec une inflation supérieure à 60 %, les poubelles d’Argentine ont considérablement diminué de volume, amenuisant les revenus de ceux qui les convoitent pour en tirer quelques pièces en récupérant les déchets recyclés ou consignés.
Ils s’appellent communément les binners en anglais, valoristes en français ou cartoneros en espagnol et traînent des sacs pleins à craquer de rebuts en carton, en verre et en plastique qu'ils transportent jusqu'aux centres de recyclage où ils récoltent de petites sommes d’argent en échange.
Chaque jour, nous collectons moins, témoigne Joaquín Rodríguez, un Argentin âgé de 24 ans qui gagne sa vie grâce aux déchets des rues et des bennes à ordures de la banlieue de Buenos Aires.
Les cartoneros vendent le carton à 37 pesos le kilo, soit environ 37 cents au taux de change officiel.
À l'extrémité de la chaîne de consommation, d'autres valoristes argentins avec lesquels Reuters s'est entretenu partagent le même constat: moins de déchets sont jetés ces derniers mois, ce qui réduit leurs revenus et reflète la hausse rapide des prix qui pousse les Argentins à se serrer la ceinture.
Joaquín Rodríguez a remarqué cette tendance dans la banlieue de Lomas de Zamora depuis le mois de mai, qu'il impute au taux d'inflation du pays de 64 %, l'un des plus élevés au monde.
Les gens n'ont pas d'autre choix que de faire le même travail que nous, dit-il, il y a de plus en plus de cartoneros et moins de déchets.
S'il n'existe pas de données officielles actualisées sur les volumes de déchets, des analystes ont mis en évidence la chute de la consommation, qui a diminué de 4,5 % en volume en juin par rapport à l'année précédente, selon le cabinet de conseil local Focus Market.
Parallèlement, les prix ont augmenté de 5,3 % au cours du seul mois de juin, selon les données officielles. Il arrive même que les prix affichés bondissent du jour au lendemain, les détaillants cherchant à rattraper - ou à devancer - l'inflation qui, selon un sondage de la banque centrale, devrait atteindre 76 % cette année.