
Cri du cœur d’un agriculteur
Le Journal de Montréal
Flambée des prix de l’engrais, concurrence étouffante, programmes d’aide mal adaptés... Un agriculteur des Laurentides lance un cri du cœur pour que les maraîchers puissent passer à travers la crise.
« C’est une crise. Je n’aurais pas dit cela il y a deux ou trois ans. Il y aura beaucoup de détresse psychologique à la fin de l’année si ça ne change pas », s’inquiète à voix haute Pascal Lecault, président des Jardins Vegibec, à Oka.
Au Journal, l’homme d’affaires insiste : il encaisse encore le choc, mais ses marges fondent comme neige au soleil, et les agriculteurs plus petits que lui, qui n’ont pas 20 millions $ de chiffre d’affaires, vivent un vrai calvaire.
Depuis l’automne 2021, les agriculteurs ont vu le prix de leurs intrants exploser jusqu’à 50 %, ce qui leur laissera une facture de 1,5 milliard $ à éponger d’ici la fin de l’année, selon l’Union des producteurs agricoles (UPA).
« On vend des zucchinis au même prix qu’il y a 10 ans. Voyons donc. Ça n’a pas d’allure, alors que nos coûts de production ont bondi », soupire-t-il.
Aujourd’hui, sa caisse de 20 livres se vend 10 dollars. Il y a 20 ans, on la vendait 8 dollars, illustre-t-il. Sans parler du simple contenant, qui est passé de 60 cents à 2,10 $ chacun.
Chou-fleur espagnol
En plus du prix de l’engrais qui flambe depuis la guerre en Ukraine, la concurrence ontarienne, californienne, mexicaine et même européenne vient jouer les trouble-fêtes en devenant de plus en plus agressive.
« En plein été, s’il manque de choux-fleurs, ils en font venir de Californie ou d’Espagne. Comme si le monde ne pouvait pas vivre une semaine sans choux-fleurs, c’est complètement ridicule », observe-t-il.
