Poutine, un homme affaibli qui peut reculer
Radio-Canada
Les sorties à répétition du président Vladimir Poutine depuis la folle équipée, les 23 et 24 juin, d’Evguéni Prigojine – où le maître du Kremlin a alterné les menaces et la conciliation, la colère et la mansuétude, les accusations de traîtrise et la reconnaissance des « patriotes » dans l’autre camp – a fait voir aux Russes et au reste du monde un autre personnage que celui qu’on croyait connaître.
Depuis 23 ans, il a imposé l’image de l’homme fort et impitoyable, du puissant stratège, du chef qui inspire la terreur aux opposants libéraux (enfermés en prison ou poussés à l’exil), mais aussi la fierté d’une partie du peuple qui aime l’homme à poigne, craint chez lui et à l’étranger : un vieux fantasme russe.
Pourtant, le Vladimir Poutine réel de 2023, ne maîtrise peut-être pas les événements autant qu’il voudrait en donner l’impression.
Samedi 24 juin, comme il l’avait fait des dizaines de fois face à l’Occident depuis le début de 2022, il a encore prononcé un discours plein de menaces, cette fois dirigé contre Prigojine et son groupe Wagner.
Mais qu’a-t-il fait immédiatement après? Il est monté dans un avion et s’est envolé vers une autre ville – parce qu’à ce moment précis, Moscou était directement menacée. Pour ensuite conclure un accord avec le même Prigojine, le traître devenu soudain partenaire.
Peu après, toutes les poursuites judiciaires contre le groupe Wagner et son chef, annoncées la veille, étaient abandonnées! Et finalement, les propagandistes du régime ont expliqué que tout cela était parfaitement normal.
Un homme de décision qui sait où il va? Pas sûr…
Qu’est-ce qui s’est passé? Et d’abord, pourquoi tout s’est soudainement arrêté, au bout de 24 heures d’un blitz qui, de Rostov-sur-le-Don, aux portes de l’Ukraine jusqu’aux abords de la capitale russe, 1000 kilomètres plus au nord, semblait bien se dérouler du point de vue des rebelles?
Les deux côtés avaient leurs raisons de dire stop.