Le mirage de Bukovel
Radio-Canada
N’ajustez pas vos lunettes, il s’agit bien de l'Ukraine. Une autre Ukraine. Celle des riches et autres chanceux de la classe moyenne aisée qui n’ont pas encore été appelés à combattre.
Bienvenue à Bukovel, la plus grande station de ski de l’est de l’Europe, avec ses 75 kilomètres de pentes aménagées dans les magnifiques Carpates, chaîne de montagnes légendaire de la région.
On a beau regarder tout autour, tendre l’oreille à l’affût d’une sirène d’alarme, il n’y a aucun signe des combats meurtriers qui se déroulent à l’est. Et pour cause, on se trouve à plus d’un millier de kilomètres du front.
Mais les skieurs, ici, ne sont ni idiots ni inconscients. Au contraire. C’est mentalement inconfortable de s’amuser ici, avoue Valentyna Chelova qui est venue passer le week-end avec son mari et leur fils pour son anniversaire de sept ans.
Ils sont là pour faire plaisir au fiston, mais aussi pour se vider la tête.
Nous habitons près de la frontière du Bélarus dans le nord-ouest, précise la maman, nous vivons avec la menace constante d’une invasion.
L’endroit est magnifique. Il attire normalement des touristes des pays voisins, mais pas cette année.
Taras est venu de Kiev avec ses amis. Il ne veut pas nous dire son nom de famille, de peur d’être identifié et blâmé de s’amuser pendant que d’autres hommes de son âge sont au front. On n’a pas tellement le choix de venir ici non plus, lâche-t-il, on n’a pas le droit de quitter le pays!
Les skieurs que nous rencontrons sont tous ukrainiens. Ils se disent un peu déchirés, mais ils se consolent en pensant que les taxes qu’ils paient ici vont servir aux troupes.