La Vérificatrice générale du Québec veut serrer la vis à Otéra Capital
Le Journal de Montréal
La Vérificatrice générale du Québec a proposé, mardi, de serrer la vis aux conseils d’administration des filiales détenues en majorité par des sociétés d’État, comme Otéra Capital, en les obligeant à divulguer le salaire de leurs membres.
En commission parlementaire, mardi, Guylaine Leclerc a fait état de ses recommandations au sujet du projet de loi 4 du gouvernement Legault qui vise à renforcer la gouvernance des sociétés d’État.
Celui-ci vise notamment à obliger plus de sociétés d’État à dévoiler la rémunération de leurs hauts dirigeants. S’il est adopté, le même principe serait également appliqué pour les membres des conseils d’administration de ces entités «hors fonction publique» comme Hydro-Québec, la SAQ ou la CNESST, tout en les obligeant à se situer dans la zone paritaire, c’est-à-dire composée à 40-60 % de femmes.
Mais le gouvernement ne devrait pas se limiter seulement aux sociétés d’État détenues à 100 % par Québec, et devrait élargir également ces obligations aux filiales qu’elles détiennent en majorité, croit la Vérificatrice générale.
«À titre d’exemple, Otéra Capital et Ivanhoé Cambridge, détenues respectivement à 97,5 % et à 95,5 % par la Caisse, ne sont pas assujetties à ces dispositions, alors qu’il s’agit de filiales importantes détenues en quasi-totalité par la Caisse [de dépôts et placements (CDPQ)]», a-t-elle fait valoir.
Rappelons qu’une série de reportages sur l’éthique chez Otéra, publiée par notre Bureau d’enquête à l’hiver 2019, avaient poussé la Caisse à déclencher une vaste enquête interne qui a coûté 5 M$ et menée au congédiement de son PDG, Alfonso Graceffa, et du deux tiers des membres de son conseil d'administration.
Selon Guylaine Leclerc, toute filiale détenue à 50 % ou plus par une société d'État devrait d’ailleurs être soumise à ces obligations plus strictes.
«On s’interroge. On n’aurait qu’à donner 1 % d’une société à une entité tierce et elle sortirait de l’application de la loi», a-t-elle souligné.
Le ministre des Finances, Eric Girard, s’est montré intéressé par la suggestion et a indiqué qu’il l'étudierait.