La traque des fonds de l’ère Duvalier mène à Montréal
Radio-Canada
Dans la nuit du 7 février 1986, le dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier s’est enfui vers la France, pliant sous la pression populaire. Mais celui qu’on a surnommé « Bébé Doc » n’est pas parti les mains vides.
Selon les autorités haïtiennes, Duvalier aurait détourné plus de 120 millions de dollars de fonds publics, dont des dizaines de millions avec l’aide de son ministre des Finances, Frantz Merceron.
Où sont passés les fonds présumément volés sous le régime Duvalier et pourquoi des institutions bancaires ont-elles hébergé pendant des années des fortunes liées aux dirigeants de la dictature haïtienne?
Grâce aux Pandora Papers – une fuite de millions de documents confidentiels obtenus par le Consortium international des journalistes d’enquête (ICIJ) et partagée avec l’émission Enquête –, nous avons trouvé de nouvelles pistes qui aboutissent au Québec.
Les règnes de François Duvalier et de son fils Jean-Claude n’ont pas seulement été marqués par de graves violations des droits de la personne qui auraient fait entre 20 000 et 30 000 victimes, selon l’organisation Human Rights Watch.
La corruption était aussi au cœur de la dictature.
Selon un rapport rédigé après la chute du régime par le ministre de la Justice d'Haïti, François St-Fleur, les Duvalier se sont livrés à un pillage systématique de la caisse publique. Et leur ministre des Finances, Frantz Merceron, aurait joué un rôle pivot dans la mise en œuvre de cette conspiration.
Frantz Merceron, qui a occupé le poste-clé de ministre des Finances d'Haïti pendant les dernières années de la dictature, était l’un des membres les plus influents du cabinet.
Qui gouverne les finances, gouverne réellement, remarque l’historien montréalais d’origine haïtienne Frantz Voltaire. Il a été celui qui pouvait mettre en place des réseaux de corruption.