Un vétéran centenaire de la Seconde Guerre mondiale évoque ses souvenirs
Radio-Canada
Ses souvenirs, Edgar Doiron les a longtemps gardés pour lui. « Aujourd'hui, il aime ça en parler, raconte son fils Jean-Pierre. Mais quand j'étais petit, il n'en parlait pas. Il était plus réservé là-dessus. Il y a à peu près 10 ou 15 ans, il s'est mis à en parler. »
Jean-Pierre montre la Légion d’honneur accrochée au veston de son père. J'oublie des affaires, mais de la Deuxième Guerre mondiale, pas beaucoup.
Au fil des commémorations en Europe, Edgar Doiron a fini par faire la paix avec la guerre. Sa fille, qui l’a accompagné là-bas, peut en témoigner.
Il est allé en France pour le 60e [anniversaire du débarquement], il est allé en Hollande pour le 70e [de la libération]. Depuis qu'il a vu là-bas la reconnaissance pour tout ce que les Canadiens ont fait, maintenant, il en parle beaucoup, constate Monique Doiron. On dirait que ça l'a débloqué, que ça lui fait du bien. Et il est fier d'être reconnu.
Natif du Nouveau-Brunswick, c’est sous l’uniforme du régiment North Shore, comme engagé volontaire, qu’il a débarqué sur les plages de Normandie le 6 juin 1944.
« Plus la bataille était forte, moins t'avais peur. On cherchait à se défendre. »
Le soldat Doiron a alors été blessé au combat. Mais il y est retourné pour participer à la libération des Pays-Bas quelques mois plus tard.
Le vétéran centenaire n'hésite plus à parler de la peur ressentie dans le silence de la nuit, à l'affût des moindres bruits qui pouvaient révéler la présence de l'ennemi tout près.
À son retour, il avait peur des ombres, même en plein jour. L'ombrage me faisait terriblement peur. C'est quand je marchais et que le soleil faisait un ombrage. Ces souvenirs ont duré après la guerre, quelques années même. Mais aujourd'hui, non.