Migrants en Grèce et sous-marin Titan : deux poids, deux mesures?
Radio-Canada
Des centaines de migrants sur un bateau, au large du Péloponnèse. Dans une autre mer, cinq richissimes passagers partis explorer l'épave du Titanic dans un sous-marin. Les deux coulent. Ces deux histoires tragiques, à quelques jours d'intervalle, ont suscité une réaction aux antipodes des autorités et des médias. Pourquoi?
D’un côté, une mobilisation rapide, internationale, menée sur plusieurs jours pour tenter de retrouver le Titan et surtout, ses cinq passagers. De l'autre côté, un bateau de migrants en détresse laissé à lui-même pendant des heures, qui a chaviré le 14 juin. Près de 750 adultes et enfants, originaires de pays pauvres ou déchirés par la guerre, se trouvaient à bord, mais seuls 104 passagers ont survécu. Au moins 82 corps ont été repêchés jusqu'alors.
Ce deux poids, deux mesures n'a pas manqué d'être épinglé sur les réseaux sociaux, a relevé CBC.
La vie de passagers pouvant s'offrir une aventure exorbitante au fond de l'océan, au coût de 250 000 dollars américains chacun, vaudrait-elle plus que celle de centaines de migrants originaires de pays comme le Pakistan et la Syrie qui risquent leur vie en mer dans l’espoir d’un destin meilleur?
Le porte-parole des Nations unies, Farhan Haq, a répondu à cette question lors d'une conférence de presse, jeudi, en déclarant que toutes les vies sont précieuses et que tous les efforts pour sauver les gens devaient être déployés dans les deux situations.
Toutes les mesures visant à protéger la vie des gens [...] qu'ils soient sur un bateau de passeurs ou qu'ils soient dans un submersible, tous doivent être pris en charge, a affirmé M. Haq avant l'annonce de la découverte des restes du Titan.
Comme beaucoup d'autres bateaux illégaux de migrants en Méditerranée, allant principalement des côtes libyennes vers les côtes européennes, le chalutier transportait bien plus de passagers que sa capacité maximale ne l'y autorisait.
La journaliste Megan Williams, de CBC, a rencontré des familles de disparus qui se sont rendues à Kalamata, en Grèce, immédiatement après le naufrage du bateau, dans l'espoir de retrouver leurs proches parmi les survivants.
Dans la foule, un homme venu de Barcelone montrait une photo de son frère aux rescapés, dans l’espoir de le retrouver, mais certains lui ont appris que ce dernier était mort en tentant de sauver d'autres passagers.