
Les défis de la nouvelle boss d’Hydro-Québec
Le Journal de Montréal
La pression sera forte sur la nouvelle PDG d’Hydro-Québec, Claudine Bouchard, qui succède à Michael Sabia. La gestionnaire hérite du mandat de doubler la production d’électricité d’ici 2035. Pour y parvenir, elle devra orchestrer des investissements colossaux de 200 milliards $. Deuxième femme à diriger le fleuron québécois, elle y travaille depuis 25 ans. C'est la première fois en 20 ans qu'Hydro-Québec nomme une PDG issue de l'interne. Elle prend le gouvernail alors que Québec vient de lancer son plan visant à produire l’équivalent de 13 barrages comme La Romaine, à construire en moins de 10 ans. Un projet titanesque, avec peu de marge d’erreur. Voici quelques défis qui attendent la nouvelle PDG.
D’ici 2035, Hydro-Québec veut doubler sa production pour électrifier le Québec. Il s’agit du plus grand plan de développement de l’histoire de la société d’État. Mme Bouchard devra trouver les moyens de financer ces milliards sur les marchés tout en recrutant la main-d’œuvre nécessaire pour mener à bien ces projets.
Adoptée sous bâillon en juin, la loi sur l’avenir énergétique du Québec confère à Hydro-Québec de nouveaux pouvoirs pour accélérer les projets, réduire la bureaucratie et faciliter les ententes avec les Premières Nations. Hydro-Québec a désormais les coudées franches pour mettre en œuvre son plan de 200 milliards $. Aussi, Hydro est maintenant maître d’œuvre de grands projets éoliens, dont plusieurs doivent débuter dès cet été dans différentes régions.
En décembre, Québec et Terre-Neuve ont réglé le litige sur le coût de l’énergie du barrage Churchill Falls, les deux territoires souhaitent construire deux nouvelles centrales hydroélectriques. Hydro-Québec est prête à investir 25 milliards $ pour garantir un avenir énergétique à «coût abordable». La société d’État agirait comme maître d’œuvre de trois projets majeurs.
Les tarifs d’électricité augmenteront pour financer le plan. Toutefois, la nouvelle loi limite la hausse annuelle des tarifs résidentiels à 3%, une promesse clé du premier ministre. Ce sont donc les entreprises qui absorberont la majeure partie de la facture, avec des hausses prévues entre 4% et 5%. Mme Bouchard misera-t-elle sur la sobriété énergétique, comme le prônait Sophie Brochu. Fera-t-elle payer davantage les riches et les gros consommateurs? C'est à suivre.
Mme Bouchard sera la première PDG à voir le monopole d’Hydro-Québec s’effriter. La nouvelle loi permet aux producteurs privés d’énergies renouvelables de vendre leurs surplus à des voisins. Plusieurs groupes et syndicats y voient une volonté de privatiser la société d’État.
