
La course pour construire les nouveaux sous-marins canadiens est lancée
Le Journal de Montréal
OTTAWA | Les douze sous-marins que la Défense nationale veut acheter pour remplacer nos rafiots qui prennent l’eau ne seront pas capables de briser la glace pour faire surface en Arctique, à moins d’une révolution technologique.
Il ne s’agit plus de spéculations. Ottawa est bel et bien en discussion avec les fabricants. Une demande d’information a été lancée en septembre et une vingtaine d’industriels ont répondu à l’appel avant la date limite du 18 novembre, d’après nos informations.
«Je cherche quelque chose qui est déjà en production, parce que je suis pressé», a indiqué le ministre de la Défense Bill Blair, lundi, en marge d’une conférence militaire.
La facture pour la nouvelle flotte de submersibles est encore inconnue. Mais deux candidats se détachent du lot, indique Blair Shaw, ingénieur consultant en défense qui a plongé à bord de plusieurs de ces engins: le TMS de type 212CD-E, co-développé par l’Allemagne et la Norvège, et le KSS-III, produit par la Corée du Sud.
Ces deux sous-marins utilisent une technologie qui leur permet de rester dans les profondeurs pendant plusieurs semaines sans remonter à la surface pour faire le plein d’oxygène.
Par contre, ils n’ont pas démontré qu’ils peuvent briser la glace pour remonter à la surface en cas de besoin. À l’heure actuelle, seuls les sous-marins à propulsion nucléaire sont capables d’une telle prouesse, indique Craig Stone, professeur agrégé émérite du Collège des Forces canadiennes.
Cependant, briser la glace pourrait bientôt ne plus être essentiel en raison du réchauffement climatique, souligne M. Stone. Les climatologues prévoient en effet que le pôle sera libre de glace une partie de l’année d’ici 2050.
Or, il nous faudra probablement deux à trois décennies pour acquérir de nouveaux sous-marins, a souligné David Perry, président de l’Institut canadien des affaires mondiales, devant le Sénat. De fait, «nous devrions réfléchir à l’environnement opérationnel qui existera dans 20 à 70 ans et non à celui d’aujourd’hui», a-t-il dit.
Les deux sous-marins germano-norvégien et sud-coréen se présentent donc comme de bonnes options, capables en plus de lancer et de récupérer des drones sous-marins qui peuvent patrouiller là où les équipages ne peuvent pas aller.
