Favoriser l’intégration des immigrants ou les conditionner à voir du racisme partout?
TVA Nouvelles
Dans sa chronique du 30 avril, Joseph Facal nous dévoile en partie le contenu du « carnet d’outils » de l’Institut F dont l’objectif est de « faciliter l’accès des femmes immigrantes et racisées aux services de leur quartier, afin de favoriser leur inclusion ».
S’agit-il d’offrir aux nouvelles arrivantes des informations sur leur pays d’accueil? Sur les mesures pouvant faciliter leur accès à l’emploi? Sur la conciliation travail-famille? Sur l’apprentissage du français? Rien de tout cela.
En lisant la table des matières du document, on apprend qu’il s’agit plutôt de « s’informer sur le racisme et le néoracisme », de « démystifier la blanchité » - en remettant notamment en question « la culture de la suprématie blanche » -, de « comprendre l’impact de la colonialité », de « reconnaître ses privilèges », etc.
Autrement dit, ce fascicule, financé par la Ville de Montréal et par le ministère de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), est entièrement dédié à « éduquer » différents intervenants aux théories sociologiques de la « justice sociale critique » dont la théorie décoloniale et la théorie critique de la race; toutes les structures sociales occidentales seraient basées sur des rapports de pouvoir, de domination et de manifestations, conscientes ou inconscientes, de colonialisme, de racisme et autres tares qu’il s’agirait de débusquer et de démanteler.
La notion de « racisme » ne s’applique, selon la définition choisie, qu’aux « personnes blanches de descendance européenne ». Elles doivent se rééduquer. Le fascicule propose par exemple de « suivre des personnes militantes antiracistes sur les réseaux sociaux », de « tenir un club de lecture antiraciste », ou bien d’organiser des formations ou un « dîner-atelier » hautement infantilisants sur le thème « différents/semblables » pour s’éveiller à leur « culture de la suprématie blanche ».
Par exemple, la ponctualité est présentée comme une valeur qui pourrait entraver notre relation avec une femme immigrante. Y accorder trop d’importance serait faire preuve d’« ethnocentrisme ». Mais présumer les « autres » incapables de ponctualité, n’est-ce pas précisément de l’« essentialisation » racialisante qu’on prétend combattre (page 19)?
Par ailleurs, on apprend (page 25) que les immigrants qui auraient une trop bonne perception des « personnes blanches » seraient en fait conditionnés par le colonialisme. Outre le fait qu’on ne voit pas un seul pays d’émigration que le Québec aurait colonisé, cette vision réductrice qui oppose colonisateurs et colonisés est hautement clivante. Elle ne fait qu’exacerber les stéréotypes et alimenter l’hostilité entre les uns et les autres plutôt que de rassembler les gens dans une citoyenneté et une humanité commune.
Le vocabulaire employé dans ce document est celui des stratégies EDI (équité, diversité, inclusion) qui sont à l’origine des postes très controversés des Chaires de recherche du Canada (CRC) ouverts à tous... sauf aux hommes blancs. Ces postes ont soulevé l’indignation au Québec et ont même fait l’objet, en 2022, d’une motion votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale pour dénoncer ces façons de faire.
Le fascicule innove toutefois en intégrant la religion comme critère de représentativité à atteindre dans les emplois et les conseils d’administration. Il s’oppose ainsi clairement à la laïcité de l’État.
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