
De plus en plus de fonctionnaires fédéraux, mais des services de pire en pire
Le Journal de Montréal
OTTAWA | Pendant que Justin Trudeau annonce l’envoi de chèques à des millions de Canadiens et un congé de TPS pour Noël, rien ne va plus à Ottawa. Le nombre de fonctionnaires atteint des sommets et l’appareil fédéral cumule les ratés au point de n’atteindre que la moitié de ses objectifs chaque année, d’après les données compilées par Le Journal.
« La fonction publique ne fonctionne plus, l’appareil fédéral ne fournit plus les services pour lesquels il existe », dénonce Paul Tellier, ex-sous-ministre sous Pierre Elliott Trudeau et ex-grand patron de la fonction publique à titre de greffier du conseil privé sous Brian Mulroney.
L’appareil fédéral n’a pas été aussi gros que depuis le gouvernement de Trudeau père, au tournant des années 1980. Cela ne s’est pas traduit par de meilleurs services ni par une fonction publique plus performante, bien au contraire.
Gabrielle Galand en sait quelque chose. Cette mère de Gatineau a dû s’adresser au Journal puis à son député pour que l’Agence du revenu (ARC) lui verse les quelque 2000 $ de retour d’impôts qu’elle lui devait depuis des mois.
« Je me serais passée de troubles », gronde celle qui a passé des heures au téléphone pour parler avec des agents qui se contredisaient les uns les autres. L’Agence refusait de reconnaître son fils de 15 ans comme personne à charge et lui a réclamé des documents qu’elle a dû envoyer trois fois.
Pourtant, l’ARC est le département qui a le plus embauché depuis 2015 : plus de 19 000 nouveaux employés. Globalement, Ottawa a embauché plus de 110 000 fonctionnaires depuis 2015, soit une croissance de 43 %, alors que la population du pays a augmenté de 16 % pour la même période.
Ceci coûte une fortune. En 2023, plus de 21 G$ supplémentaires sont allés à la rémunération des employés fédéraux, pour un total de 60,7 G$, indique Gabriel Giguère, de l’Institut économique de Montréal.
Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, calcule qu’entre 2019 et 2022, les dépenses en personnel ont augmenté en moyenne de 14,4 % par an, alors que la croissance moyenne entre 2007 et 2020 était plutôt de 3,4 %.
Pour M. Giguère, c’est le signe patent d’« une perte de contrôle de la taille de l’État », qui dope la dette publique.
