
Citroën SM 1972 : Grand Tourisme à la française
Le Journal de Montréal
« Citroën réinvente l’automobile ». C’est par ces mots que Jacques Duval débute un essai routier élogieux dans Le Guide de l’auto 1972. Il faut dire que la SM (pour Sport Maserati) est une voiture très ambitieuse à sa sortie. Avec ce coupé de grand tourisme, Citroën se donne comme objectif d’associer l’innovation de la marque à une motorisation italienne de caractère.
Si le projet semblait séduisant sur papier, rien ne va se passer comme prévu pour cette voiture aux lignes futuristes et à la technologie innonvante. Bien que ses capacités dynamiques surclassent un grand nombre de modèles roulant à la même époque, ses soucis de fiabilité, son appétit en essence et sa sortie juste avant le premier choc pétrolier l'empêcheront de bien figurer.
Comme la mythique DS avant elle, la SM réutilise la suspension hydropneumatique de Citroën. Cette dernière permet de faire varier la hauteur de caisse à sa guise, mais aussi d’amortir les chocs comme aucune autre voiture.
Très en avance sur son temps lorqu'il est vendu pour la première fois en 1955, le système ne fait plus appel à des ressorts mais à une huile spéciale. Baptisé LHM (pour Liquide Hydraulique Minéral), ce liquide est envoyé sous haute pression dans des sphères recevant de l’azote comprimé dans leur partie haute. Ce sont les grosses boules vertes au-dessus que l'on aperçoit sous le capot moteur.
En plus de la suspension, le même liquide est aussi utilisé pour la direction et les freins. Un système d’une efficacité redoutable, affichant un compromis confort/tenue de route inégalé à l’époque. La SM inaugure aussi la Diravi (pour Direction à rappel asservi), qui se comporte différemment d’une voiture normale, nous allons y revenir.
Sous le capot, Citroën a profité du rachat de Maserati pour monter un V6 dans la SM, plus noble que le 4 cylindres qui motorisait la DS. Affichant une cylindrée de 2,7 litres et ouvert à 90°, il reçoit aussi deux arbres à cames en tête. Les SM ont été vendues avec des moteurs à carburateur ou à injection électronique. Le modèle que vous avez sous les yeux a été importé de France, après avoir été magnifiquement restauré. Son V6 est alimenté par trois carburateurs double corps Weber pour une puissance maximale de 170 chevaux (normes européennes).
En ouvrant la porte, nous avons trouvé l’habitacle accueillant, avec une qualité de finition supérieure aux américaines vendues à la même période. Face au conducteur, le tableau de bord abrite des cadrans ovoïdes avec un compte-tours, divers voyants lumineux et un compteur gradué jusqu'à 260 km/h. Une valeur optimiste que la voiture n'atteint pas en réalité. Cela dit, avec une vitesse maximale de 228 km/h pour le modèle le plus performant, la SM était une autoroutière véloce dans les années 70.
