Cette élection que les Brésiliens ont hâte de mettre derrière eux
Radio-Canada
SAO PAULO - Bien des Brésiliens votent aujourd’hui avec une certaine angoisse au ventre. Celle de ne pas savoir qui sera leur président ni comment réagira le camp adverse. Une angoisse à l’image des dernières semaines de campagne, qui se sont déroulées sur fond de disputes, d’accusations et de violences.
Je vais annuler mon vote, a lancé Flavio, un chauffeur de taxi visiblement méfiant lorsque questionné sur ses intentions de vote. Pourtant, c’est un ami de l’interprète qui prenait aussi place dans la voiture.
Sa réponse cachait surtout une angoisse : celle de déclencher une virulente dispute électorale.
Comme bien de ses compatriotes, Flavio a utilisé une réponse neutre dans un pays où voter est une obligation. Après quelques échanges, il a fini par dévoiler son choix : il votera Lula, le candidat de gauche.
Ce chauffeur n’est pas seul à marcher sur des œufs ces jours-ci; bien des Brésiliens ont cherché à éviter toute discussion politique dans les dernières semaines. Trop polarisant, trop risqué.
Des disputes entre partisans qui affichaient leurs couleurs ont éclaté dans des restaurants. Certains en sont venus aux poings. Au moins trois personnes ont trouvé la mort dans des disputes électorales.
Une polarisation qui affecte aussi parfois les familles. Sur les applications telles que WhatsApp, très utilisées des Brésiliens pour communiquer avec leurs proches et leurs collègues, le sujet est vite devenu tabou.
Les tensions ont aussi débordé sur les lieux de travail. Beaucoup de Brésiliens disent avoir été victimes de harcèlement électoral, c’est-à-dire qu’ils ont subi des pressions politiques de la part de leurs employeurs.
Avec cette élection, le Brésil est face à un choix clair : l’actuel président, Jair Bolsonaro, dirigeant d’extrême droite et l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, qui penche à gauche.