Aux sources de la grogne des Péruviens
Radio-Canada
Depuis le 7 décembre, de nombreux Péruviens, surtout dans les régions indigènes du sud, manifestent pour réclamer la démission de la présidente par intérim Dina Boluarte, ce qui obligerait le Congrès à déclencher des élections au plus tôt.
Ils n’ont pas accepté la destitution du président indigène Quéchua Pedro Castillo. Mais cette crise politique cache un grand mécontentement qui remonte à la nuit des temps, notamment dans la région de Cuzco.
Anta veut dire cuivre en Quéchua. Les hautes montagnes qui enchâssent cette magnifique vallée verdoyante à 3300 mètres d’altitude regorgent d’un cuivre qui n’est pas exploité. Nous sommes à une trentaine de kilomètres à peine de Cuzco, la ville touristique par excellence. Anta est habitée par des descendants des Incas, fiers de leur culture et leurs traditions.
Anta est en deuil. Un de ses leaders paysans, Remo Candia Guevara, a été tué dans la manifestation du 11 janvier. Une balle de fusil tirée d’une hauteur lui a traversé le thorax. Son frère Romulo est certain que le tir est venu du côté de la police et que Remo était visé, car c’est le seul mort ce jour-là.
Pourquoi ? Remo n’était pas un leader paysan national ni même régional. Il représentait l’une des 13 provinces du département de Cuzco.
La famille Candia est en deuil. Double deuil en fait : celui du patriarche Efrain décédé en novembre l’an dernier. Et maintenant, Remo, l’un des six enfants de Leopolda Guevare Ismodes de Candia.
Dès l’enfance, chaque membre de la famille Candia a sa chacra, son lopin de terre. La famille Candia possède au total deux hectares, une propriété moyenne. Ils y ont un lien spécial avec la terre. Nous respectons la Pachamama, la Terre mère, disent-ils.
Marc Zeisser, Français d’origine et marié à une Péruvienne, est ingénieur agronome spécialisé dans la gestion de l’eau. Il fréquente les communautés rurales de Cuzco depuis 40 ans : La vie, l'agriculture, l'activité paysanne au Pérou, c'est une relation essentiellement culturelle avec le territoire. On a une relation, même magique, religieuse, avec ce territoire, avec les montagnes, les lacs et les rivières.
L’agriculture est un travail pénible et de plus en plus les familles diversifient leurs activités pour mieux survivre. De plus en plus, elles sont conscientes que pour mieux s’en sortir, leurs enfants doivent étudier.