
«Voici mon histoire avec le système de santé, québécois, moi qui fais partie des orphelins sans médecin de famille.»
Le Journal de Montréal
Voici mon histoire avec le système de santé, québécois, moi qui fais partie des orphelins sans médecin de famille. L’hiver dernier en fut un très difficile. Le tout a commencé par des essoufflements anormaux, même en dehors d’un effort de ma part, et ça s’est compliqué d’une douleur qui me dardait au bas du ventre. Mes recherches sur internet m’ont d’ailleurs appris que la paroi intestinale était probablement la plus sensible du corps humain.
Vu que je n’ai pas de médecin de famille et que je n’avais pas envie de poirauter des heures à l’urgence, j’ai dû passer par le GAP (Guichet d’accès à la première ligne) qui voit à nous référer à un médecin de famille qui, selon le règlement, ne doit s’occuper que d’un seul problème par rendez-vous. D’ailleurs pour ne pas qu’on l’oublie, on nous le répète à au moins trois reprises lorsqu’on cherche un rendez-vous par téléphone ou en ligne.
OUPS, j’allais oublier de signaler qu’avant d’être dirigé vers un médecin, on doit répondre à un long questionnaire. Après avoir amorcé mes démarches en novembre, j’ai eu la chance de parler à une super infirmière et de rencontrer ensuite un jeune médecin fin janvier 2025. Il s’est d’abord occupé de mes essoufflements en me dirigeant vers un cardiologue que j’ai rencontré fin février et qui a procédé ensuite à un deuxième examen dont je n’ai eu les résultats qu’en juin.
Mon jeune médecin m’a appris que côté cardiaque, rien ne semblait anormal dans les résultats du cardiologue. Entre temps il m’avait prescrit un médicament pour soulager mes douleurs abdominales, et faisait un suivi téléphonique pour me signaler qu’il n’y avait pas d’urgence pour opérer. Je me sentais bien pris en charge et chanceux d’être avec ce médecin.
Puis il a fait une demande de consultation auprès d’un spécialiste pour ce qu’il soupçonnait être une hernie. Devant le temps qui s’étirait, j’ai fait une demande pour obtenir copie de la requête au secrétariat et constater que la demande ne donnait pas le bon code de territoire, et qu’en plus, elle ne serait pas honorée avant une bonne douzaine de mois.
Pour m’assurer que je garde mon rang dans la filière, on m’a suggéré que le médecin référent fasse une demande de correction à sa première demande. Mais ce dernier m’apprend que c’est trop tard et qu’il me faudra rappeler au GAP pour avoir un rendez-vous avec un nouveau médecin de famille qui jugera si l’évolution de mes symptômes justifie une nouvelle requête.
Ce que je fais. Un infirmier me rappelle en me disant qu’il n’a aucune disponibilité de rendez-vous avec un médecin généraliste pour le moment, mais m’offre de discuter avec moi pour voir s’il ne pourrait pas m’aider autrement, dans la mesure de ses capacités. Je lui demande alors si les notes qu’il va prendre sur mon cas vont servir à quelqu’un d’autre pour me rappeler et me donner un rendez-vous avec un généraliste, le cas échéant. Et sa réponse fut : « Non, vous allez devoir rappeler au GAP et raconter votre histoire de nouveau. »
Je rappelle donc au GAP dès le lendemain, et l’infirmière qui me questionne juge que mon état nécessite un passage à l’urgence. Malgré mon argumentaire, elle refuse de me donner un rendez-vous avec un médecin généraliste. Le samedi matin je me rends à l’urgence où je suis reçue comme un chien dans un jeu de quilles, et où après un examen sommaire, on me donne une nouvelle prescription de médicament à l’essai pour deux semaines, et la recommandation de rappeler le GAP pour un rendez-vous avec un nouveau médecin de famille.
Et non, je ne suis pas fou !
