Urgence climatique: nous avons 89 mois pour agir
TVA Nouvelles
En 2018, le conseil municipal de ma ville – Laval –, à l’instar d’autres municipalités de partout au Québec et dans le monde, adoptait à l’unanimité une déclaration d’urgence climatique. Depuis ces cinq dernières années, la crise climatique s’est aggravée beaucoup plus vite qu’on ne l’avait prévu. Elle n’est plus du tout abstraite ou lointaine, car on la vit désormais, quotidiennement. C’est maintenant que ça se passe, et ce n’est que le début.
La communauté scientifique est unanime: il faut diminuer les émissions de CO2 de 45% par rapport au niveau de 2010 d’ici 2030, pour atteindre la carboneutralité en 2050. Or, les derniers rapports du GIEC nous démontrent que, si l’on continue sur la même voie, on risque d’atteindre une augmentation de la température terrestre de plus de 2 degrés Celsius, la limite ultime de l’Accord de Paris. Ne pas changer radicalement de cap, c’est s’assurer que notre planète deviendra tout simplement inhabitable pour l’espèce humaine.
L’échelle municipale est le palier de gouvernement optimal pour enraciner la transition écologique: aux premières loges des événements météorologiques extrêmes, elle est de plus celle qui peut mobiliser les citoyens, les organismes et les entreprises pour mettre en œuvre des solutions concrètes rapidement.
Nous devons accélérer la cadence et collectivement fournir au moins les mêmes efforts pour atténuer cette crise qu’on l’a fait pour la pandémie de COVID-19, et nous en sommes capables! C’est simple: chaque décision que l’on prend, chaque politique, chaque projet, chaque budget, chaque dépense et chaque investissement conséquent, dans tous nos services et nos départements et toutes nos divisions, doivent contribuer à notre action climatique.
L’action climatique n’est pas un enjeu comme les autres. La menace sécuritaire liée aux changements climatiques est très réelle, et d’une ampleur inégalée. Il y a urgence d’agir, de manière transversale, rassembleuse, lucide, juste et ambitieuse, dans un esprit d’effort total: c’est seulement ainsi qu’on changera la donne et qu'on assurera un avenir radieux et sécuritaire à nos enfants et petits-enfants. Agir positivement pour le climat et assurer le développement régénératif de nos écosystèmes et de nos communautés, c’est le plus beau projet politique qu’on puisse imaginer!
Comme élus-es, il est de notre devoir d’utiliser nos privilèges et nos tribunes pour porter ce message et nous assurer que nous sommes à la hauteur du défi climatique, maintenant et pour les générations à venir. C’est pourquoi, désormais, à chaque assemblée du conseil municipal, comme je l’ai fait hier soir, je m’engage à nous rappeler le temps qu’il nous reste avant l’année charnière de 2030. J’invite mes collègues élus-es de partout au Québec et au Canada à faire de même, ainsi que les citoyennes et les citoyens: utilisons nos espaces démocratiques pour reconnaître et rappeler, chaque mois, que le temps presse et que l’action climatique (sans négliger la perte massive de biodiversité et la protection des milieux naturels, intimement liées) doit être notre priorité absolue.
Car il ne nous reste que 89 mois, ou 391 semaines, d’ici 2030.