
Soldes éternels: quand Best Buy, Decathlon et Simons vous vendent du vent
Le Journal de Montréal
Trois grands détaillants du Québec induisent leurs clients en erreur avec des soldes en ligne qui s’éternisent pendant des mois, ce qui contrevient possiblement à la Loi sur la concurrence et prive les consommateurs d’une information transparente sur les prix.
«C’est délibéré», dénonce en entrevue Mathieu Guffens, fondateur de l’application de surveillance MOSC. Le Belge de 37 ans vient de pincer Decathlon, Best Buy et Simons la main dans le sac au Québec.
Son algorithme surveille déjà 1500 détaillants en France et en Belgique. Fin mai, après avoir observé des pratiques similaires en Europe, il a ajouté six détaillants de ce côté-ci de l’Atlantique: Best Buy, Decathlon, Simons, Walmart, Sports Experts et Amazon.
Depuis, les Québécois peuvent suivre l’évolution du prix de certains articles sur MOSC et constater que des rabais dits temporaires sont permanents, comme une trottinette «en promotion» depuis juin, des chaussures «soldées» depuis mai ou une robe «en rabais» depuis des mois.
Decathlon confirme partiellement ces observations. «Ce produit a bien été vendu au prix régulier de 60$ du 17 septembre 2021 au 21 août 2024», précise Marie-Lou Blais, de Decathlon Canada, au sujet des Jogflow 500.1.
La porte-parole ajoute que les liquidations dépendent «de chaque sport et collection». Best Buy et Simons n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue.
«On sait rarement si on fait une bonne affaire en ligne», observe Mathieu Guffens. Sans historique, les chaussures à 60$ peuvent être une aubaine ou une arnaque, d’où le besoin du Belge de savoir si elles étaient à 30$ ou à 90$ l’an dernier.
MOSC est le projet passion de ce gestionnaire d’une firme d’ingénierie informatique de Liège. Il ne tire aucun revenu de son application bâtie dans son salon afin de donner la chance aux utilisateurs-consommateurs de surveiller le prix des produits en ligne.
«L’évolution du prix change la vision de l’achat», dit celui qui a rédigé une thèse sur l’impact des stimuli sensoriels sur le processus d’achat en ligne à HEC Liège, en 2012.
