Ducharme le visionnaire
Le Journal de Montréal
À sa dernière saison comme joueur, en 2001-2002, avec l’équipe d’Anglet dans la Ligue Magnus en France, Dominique Ducharme avait prédit à son grand ami, Robert Ouellet, qu’il avait comme plan de devenir entraîneur en chef dans la LNH.
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Ouellet, le père de Xavier, avait probablement pris son coéquipier pour un illuminé. Mais Ducharme a réalisé son rêve près de 20 ans après sa dernière saison en France. Il n’a jamais dérogé de son objectif.
Aujourd’hui, l’homme de 48 ans se prépare pour son premier camp dans le rôle d’entraîneur en chef du Canadien, quelques mois après une participation en finale de la Coupe Stanley contre le Lightning de Tampa Bay.
« Il y a eu un long chemin, mais je l’ai fait, dit Ducharme calmement en entrevue au Journal dans la salle de conférence à Brossard. C’est une grande fierté. C’est une chose d’atteindre la LNH, mais de le faire avec le Canadien de Montréal, je trouve ça incroyable. J’ai parcouru mon propre parcours, je n’ai pas sauté d’étapes. Je ne suis pas passé de la base au sommet de la montagne en quelques semaines seulement. Je me suis rapproché de mon but tous les ans. »
Une minime pause
Bob Hartley avait dit l’an dernier qu’il aurait besoin d’une thérapie le jour où il rangerait son sifflet comme entraîneur. Le hockey coule toujours dans les veines d’un entraîneur. Ducharme n’y échappe pas. Il s’attendait à relever un immense défi quand il a remplacé Claude Julien le 24 février 2021, mais il n’a toujours pas eu le temps de décanter réellement ce qu’il vivait.
« Je ne peux pas dire que j’ai profité d’un été normal, a-t-il dit. Mais c’est correct puisque ça signifie que nous avons joué longtemps. Je croyais avoir le temps de prendre un pas de recul pour savourer un peu ce qui se passe. J’imagine que ce jour viendra seulement quand je prendrai ma retraite du coaching. Et ce n’est pas pour demain matin ! »
Depuis l’élimination du Canadien en cinq matchs contre le Lightning, Ducharme a suivi une vague qui refusait de descendre.
Être l’un des meilleurs de son sport ne rime pas toujours avec millions de dollars dans le compte en banque et voitures de luxe. Plusieurs athlètes québécois, peu soutenus financièrement, en arrachent et font des sacrifices afin de pouvoir continuer à pratiquer leur discipline: travailler jusqu’aux petites heures du matin, renoncer à être propriétaire, dormir en pension lors des tournois...
Note de la rédaction : M. Picard est un ex-défenseur du Canadien qui a joué 253 matchs dans la LNH, en plus d’avoir joué professionnellement en Russie, en Suisse et en Allemagne. Analyste à TVA Sports, il est depuis quelque temps répugné par ce qu’il voit dans notre hockey mineur québécois. Il a découvert ses côtés les plus laids en suivant son fils dans les arénas.