Violence conjugale : les propos d’un juge créent une controverse
Radio-Canada
Les propos d’un juge lors de la détermination de la peine d’un meurtrier cadrent dans un discours qui manque de respect pour les victimes de la violence fondée sur le genre, selon des intervenantes.
Jeudi dernier, Steven Bragg a été condamné à la prison à vie pour le meurtre non prémédité de Victoria Head, 36 ans, résidente de Saint-Jean. Il sera admissible à une libération conditionnelle dans 10 ans.
En rendant sa décision, Donald Burrage, juge à la Cour suprême de Terre-Neuve-et-Labrador, a déclaré que Steven Bragg éprouvait extrêmement des remords et qu’il était désolé.
Il y a des moments, heureusement rares, où des personnes généralement bonnes font des gestes terribles. C’était l’un de ces moments, a ajouté le juge.
La famille de Victoria Head a rapidement condamné ces propos, et elle n’est pas la seule.
Selon la coordonnatrice du Conseil sur le statut de la femme de Saint-Jean, Bridget Clarke, les propos du juge étaient déraisonnables. Elle dit qu’ils contribuent à un discours omniprésent qui déshumanise les victimes de la violence fondée sur le genre et qui réduit la portée du taux élevé de violence dans la province.
Bridget Clarke estime que les juges peuvent influencer le discours de la société sur des enjeux comme celui de la violence fondée sur le genre. Elle qualifie de négligents les propos du juge Burrage. Elle croit que des personnes d’un genre marginalisé peuvent les interpréter comme étant une preuve que le système de justice considère les victimes de violence fondée sur le genre comme des dommages collatéraux.
La présidente du Conseil consultatif sur le statut de la femme de Terre-Neuve-et-Labrador, Paula Sheppard, recommande que les avocats reçoivent une formation complète en matière de violence conjugale, entre autres, avant d’être nommés juges.
Les nouveaux juges, selon elle, seraient ainsi mieux outillés pour présider des causes de ce genre sans biais de culture patriarcale, dit-elle.