Une retraite dans le rouge pour de nombreux aînés
Radio-Canada
Réjeanne Léonard n’est pas du genre à baisser les bras. À 73 ans, elle est en pleine forme et n’a pas la langue dans sa poche. Sauf que le poids des années commence à se faire sentir et qu'elle s'inquiète pour l'avenir de son fils déficient intellectuel, dont elle a la charge depuis 43 ans.
Un travailleuse sociale lui confiait encore récemment que son fils avait peu de chances d’être recueilli par un organisme spécialisé. Il n’est pas autonome, mais aux yeux du système, il l’est suffisamment pour ne pas être pris en charge.
Après un début de carrière prometteur, Mme Léonard a dû mettre entre parenthèses sa vie professionnelle à l’aube de la trentaine pour s’en occuper. Ses finances en ont sérieusement pris pour leur grade lorsqu’elle a quitté le père de ses deux enfants quelques années plus tard.
Résultat : à la retraite depuis 8 ans, elle parvient à maintenir la tête hors de l'eau grâce à la pension provinciale et au supplément de revenu garanti octroyé par le fédéral, qui lui assurent un revenu tout juste au niveau du seuil de pauvreté.
« La pauvreté commence à m'atteindre, parce que ça a tellement augmenté. Ce n'est pas simple. »
La hausse importante des prix des biens de consommation courante vient bousculer un équilibre déjà précaire. Je veux bien manger des légumineuses, mais de temps en temps, on veut manger une tranche de steak, puis ce n'est plus possible, lâche-t-elle, découragée.
Pour boucler ses fins de mois, elle a recours à la solidarité du quartier et fait le tour des épiceries pour chasser les aubaines.
Nous l’avons rencontrée dans un restaurant communautaire de l’est de Montréal, le Chic Resto Pop, où elle assistait à une rencontre hebdomadaire des aînés du voisinage. Elle déplore que la plupart d'entre eux connaissent des difficultés financières et, quand elle se compare, s’estime même être la chanceuse de la gang.
« Je vois beaucoup de misère autour de moi. On est des personnes différentes, avec des histoires différentes, des parcours de vie différents. Il n'y a pas de héros, il n'y a pas de zéro, ça peut arriver à tout le monde. »