Sous les bombes, des Ukrainiens défendent l’héritage viticole de leur pays
Radio-Canada
Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux vignobles ukrainiens ont été détruits ou parsemés d’explosifs. Face à l’envahisseur et aux tirs d’obus, des vignerons continuent tout de même de presser le raisin dans l’espoir de faire de l’Ukraine un producteur de grands vins. L’une d’entre eux, réfugiée à Toronto, a même décidé de retourner auprès de ses vignes, malgré le danger.
Prendre soin des vignes et chanter est ce qui a permis à Svitlana Molchanova de tenir le coup pendant les trois premiers mois de l’invasion russe. Son vignoble familial, appelé Slivino, est situé sur les flancs du village du même nom, à une quinzaine de kilomètres de Mykolaiv. La ville, située dans le sud de l’Ukraine, a été pilonnée par l’armée russe dès le début du conflit.
Moins de 10 jours après le début de la guerre, une roquette a atterri en plein cœur des vignes. Presque un an plus tard, trois membres de la famille et trois employés sont toujours sur place.
Quand ils avaient peur et qu’ils commençaient à être déprimés, ils continuaient à se motiver pour aller travailler. Ma mère disait à mon père d’aller élaguer les vignes. La ville était très proche de la ligne de front et ils voyaient les roquettes voler au-dessus de leur tête, raconte Mariia Molchanova, en traduisant pour sa mère Svitlana, qui a trouvé refuge à Toronto en juin.
Les Molchanov, qui possèdent aussi une entreprise d’eau embouteillée, ont décidé de rester à Mykolaiev pour fournir des emplois et de l’eau aux résidents.
C’est ce qui les a aidés à traverser tout cela, croit Mariia Molchanova.
Bien que beaucoup de vignobles continuent leurs opérations, les ravages de la guerre ont porté un coup dur à l’industrie viticole du pays, qui commençait tout juste à découvrir son potentiel.
En 2018, le gouvernement ukrainien a décidé de stimuler l'industrie viticole ukrainienne en simplifiant le processus d’obtention de permis de vente de vin. La mesure a permis l'émergence de vignobles artisanaux comme celui des Molchanov, explique Jenia Nikolaichuk, une experte en vin ukrainien.
La politique du gouvernement a également été une bouffée d’air pour l’industrie qui avait été ravagée par la politique de lutte contre l’alcoolisme du président Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 1980, puis amputée de milliers d’hectares de vignes lors de l'annexion de la Crimée par Moscou.