Quand la course à la batterie bouscule le monde de l’exploration minière
Radio-Canada
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, on ne compte qu’une seule mine de niobium. L’économie régionale bat surtout au rythme des industries de l’aluminium et de la forêt. Pourtant, en cinq ans, le nombre de titres miniers actifs est passé de 2863 à plus de 9270.
Parmi les minières intéressées, First Phosphate pense que son territoire de 1500 kilomètres carrés contient le phosphate le plus pur du monde, en raison de la présence d’une roche unique : l'anorthosite.
L’anorthosite ne se trouve qu'au Québec et c'est vraiment la roche de la plus haute pureté au monde entier, donc on a quelque chose de vraiment spécial à exploiter. Et c’est aussi la roche plus facile pour faire l’acide phosphorique purifié, qui est le précurseur pour faire les batteries, se targue le directeur général de First Phosphate, John Passalacqua.
Le phosphate est un minerai critique peu utilisé dans le monde automobile actuellement, mais il pourrait changer la donne dans l’accès aux véhicules électriques.
Le phosphate entre dans la fabrication d’une nouvelle forme de batterie lithium-ion : la batterie LFP, composée de lithium, de fer et de phosphate. Elle coûte moins cher à fabriquer et permettrait aux constructeurs d’offrir des véhicules électriques à moindre coût.
Ford et Tesla ont d’ailleurs déjà amorcé le virage vers cette nouvelle pièce. La croissance du marché des batteries LFP est évaluée à 50 milliards de dollars d’ici 2030.
On parle d’une croissance de 200 % par an du phosphate en Chine. Avec la batterie LFP, on limite l’utilisation d’autres métaux comme le nickel et le cobalt, dont les prix augmentent et dont l’exploitation se fait dans des conditions difficiles, au Congo notamment, explique le géologue Michel Jébrak.
Il n’existe encore aucune mine de phosphate au Québec. La jeune entreprise First Phosphate n’est qu’au tout début d’un long processus vers l’ouverture éventuelle d’une mine, mais les ambitions de son directeur général Jean Passalacqua semblent sans limite.
« Le Saguenay–Lac-Saint-Jean a l'opportunité de vraiment s'implanter dans la filiale de la batterie lithium fer phosphate. On verra le jour où le Saguenay–Lac-Saint-Jean sera renommé au niveau international comme la vallée de la batterie. Moi, je vois toute une autre Bécancour. »