Québec solidaire : le douloureux surplace
Radio-Canada
Déçus du verdict des électeurs, les candidats de Québec solidaire – élus comme défaits – ont été bien peu bavards ces derniers jours. En coulisse, on fait valoir qu’il faudra du temps pour digérer les derniers résultats et tirer les conclusions qui s’imposent. Si la formation politique n’a pas connu un sort comparable à celui du Parti libéral, sa stagnation n’en est pas moins douloureuse.
C’est que Québec solidaire était toujours parvenu jusqu’ici à recueillir davantage d’appuis d’élection en élection; le vote de la semaine dernière est toutefois venu interrompre cette lancée, au point où QS n’est pas assuré d’être reconnu comme groupe parlementaire à la reprise des travaux à l’Assemblée nationale. Il faut avoir recueilli 20 % du vote ou fait élire 12 députés pour obtenir ce statut. Or, le parti ne compte que 11 élus.
Entre 2018 et 2022, Québec solidaire a perdu tout près de 15 000 votes. Son pourcentage d’appui est passé 16,1 % à 15,4 % des voix exprimées, soit un recul de deux tiers de point de pourcentage.
La formation politique a perdu la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, l’une des deux seules qu’elle détenait en région, mais elle en a conquis deux à Montréal, soit Verdun et Maurice-Richard.
Gabriel Nadeau-Dubois avait toutefois placé la barre bien haut. Faisant appel au vote des jeunes, il s’était dit prêt à passer à la prochaine étape et avait même évoqué le rôle de chef de l’opposition officielle pour lui-même. On est loin du but.
On ne saura évidemment jamais précisément où les votes perdus sont passés, mais on peut parier que Québec solidaire aurait nettement préféré faire des gains en région plutôt qu’à Montréal. C’est que son co-porte-parole a tout fait pour débarrasser QS de son étiquette de parti montréalais, multipliant les visites en Estrie, dans le Bas-Saint-Laurent et jusque dans le Nord-du-Québec.
Sur papier, la formation politique a pourtant mené une bonne campagne : elle a ciblé des thèmes d’actualité, comme l’environnement et la crise du logement, et son chef s’est illustré grâce à ses talents de communicateur. Quelque chose pourtant ne semble pas coller.
Bien sûr, Québec solidaire semble avoir sous-estimé l’impact qu’auraient ses promesses de nature fiscale sur l’opinion publique. Voir un parti de gauche promettre de hausser les impôts des contribuables les plus fortunés n’a certes rien d’étonnant, mais bien des électeurs ont dû être surpris de découvrir qu’ils faisaient eux-mêmes partie des riches. C’est sans compter des explications parfois confuses, sur la question des terres agricoles notamment.
Il y a toujours une différence entre une hausse d’impôt théorique et une promesse clairement articulée et chiffrée. Après le politburo évoqué par Jean-François Lisée en 2017, le péril des taxes orange cité par François Legault a fait sensation.