Québec ignore le nombre de terres agricoles achetées par des spéculateurs
Radio-Canada
L'État québécois n'a aucune idée précise du nombre, du profil et des intentions des propriétaires de terres agricoles qui ne sont pas agriculteurs. Selon plusieurs observateurs, ils se multiplient.
On voit arriver des entreprises qui veulent acheter des terres sur le côté spéculatif et non sur le côté productif pour faire de l'agriculture, s'inquiétait le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) Martin Caron, le 21 juin, lors de l'annonce d'une grande consultation publique sur la protection du territoire agricole.
Le président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) Martin Damphousse constate, lui aussi, dans sa ville de Varennes, que de plus en plus de propriétaires de terres agricoles ne sont pas agriculteurs.
« Dans certains cas, ces propriétaires terriens n'acceptent plus de louer leurs terres, comme ils le faisaient anciennement, à nos agriculteurs pour leur permettre de cultiver. Ils laissent ces terres-là en friche, en espérant un jour une forme de dézonage, qui n'est pas acceptable. »
On sait que le prix des terres agricoles du Québec augmente sans cesse : + 10 % en 2021, + 11 % en 2022. Les spéculateurs sont-ils en cause? Toute sorte de monde achète des terres agricoles, constate le ministre Lamontagne. Il entend bien les échos du terrain, mais il lui manque les données pour avoir un portrait de la situation.
« La question de la propriété du territoire agricole est une très grande préoccupation. »
En septembre, le gouvernement Québec lancera une consultation publique spécifiquement sur l'enjeu de la propriété agricole. Entre-temps, une étude a été commandée à l'Université Laval pour identifier les facteurs responsables de la hausse de la valeur des terres.
Le Parti québécois a aussi demandé au ministère de rendre publique une carte qui nous indiquerait quelles sont les terres qui sont propriétés de tiers ni dans le monde agricole ni apparenté. Le ministre ne s'est pas opposé à l'idée.
Combien de terres ont été achetées par des Québécois qui investissent depuis leur bureau, sans jamais enfiler de bottes de travail pour aller à la ferme? Même la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) ne collecte pas ces données et n'a pas de vision sur le phénomène.