Pandora Papers : les comptes secrets d’Alexandre Cazes, roi québécois du « dark web »
Radio-Canada
En apparence, Alexandre Cazes était simplement le jeune PDG d’EBX Technologies, une entreprise qui offrait des services de création de sites web d’affaires. Le Trifluvien décédé en 2017, qui vivait en Thaïlande, avait un train de vie opulent : villa imposante à Bangkok, résidences secondaires cossues à Chypre et à Antigua, voitures de luxe Lamborghini et Porsche, et des millions de dollars en cryptomonnaie. Bref, l'allure d’un homme d’affaires prospère.
Une vaste enquête du FBI et de la GRC racontait cependant une tout autre histoire. Selon la justice américaine, M. Cazes était en fait Alpha02, l’administrateur d’AlphaBay, le plus important marché illégal du dark web, où l’on pouvait vendre et acheter drogues, armes à feu et numéros de cartes de crédit volées, entre autres.
Son arrestation spectaculaire en Thaïlande, le 5 juillet 2017, tout comme sa mort dans des circonstances nébuleuses en prison une semaine plus tard, ont fait grand bruit dans les médias partout dans le monde.
Le secrétaire américain à la Justice de l’époque, Jeff Sessions, avait personnellement annoncé lors d’une conférence de presse l’arrestation de M. Cazes, au terme de ce qu’il qualifiait d’une des plus importantes enquêtes criminelles de l’année.
Moins médiatisé était l’empire corporatif outre-mer qui avait permis au cybercriminel allégué de transformer sa fortune d’origine illégale en biens matériels, de contourner des lois et de s'acheter la citoyenneté de deux pays.
Des documents internes obtenus par le Consortium international des journalistes d'enquête (ICIJ) et Radio-Canada montrent comment Alexandre Cazes a pu accéder à un vaste système financier parallèle et opaque, le même qui permet aux riches et puissants de cacher leur argent dans des paradis fiscaux.
Deux des sociétés-écrans que M. Cazes a mises sur pied semblent en outre avoir échappé aux autorités, selon notre enquête.