Les mesures d’urgence et l’extrême droite canadienne, vues par les analystes
Radio-Canada
Des analystes soulèvent que la menace que représente l'extrême droite canadienne pourrait justifier la décision du gouvernement canadien d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence.
Pour le politologue de l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke, Emmanuel Choquette, ce délai d'intervention de la part du gouvernement aurait été calculé dans le but de modérer l'impact que cela pouvait avoir en termes de perception.
Pour invoquer la Loi des mesures d'urgence, le gouvernement pourrait avoir remonté à avant la question des camions, prenant conscience de la force d'une certaine extrême droite, qui prend plus de force et de vigueur au Canada, affirme Emmanuel Choquette.
Au cours des dernières années, il ajoute que le nombre de menaces aurait augmenté envers les élus canadiens. Plus récemment, un groupe de gens a même lancé des roches au premier ministre lors de la campagne électorale, rappelle-t-il.
« Il y a un groupe qui est prêt à aller très loin, de façon presque violente. »
Les mesures annoncées le sont pour prévenir ou pour rassurer les gens, poursuit le politologue. Il y a peut-être des mesures de sécurité qui n'ont pas été prises au bon moment. Donc sur le plan stratégique, on a fait le calcul que de ne pas agir risquerait plus de problème que d'agir.
Le codirecteur de l'Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme et professeur à l'Université de Sherbrooke, David Morin, abonde dans le même sens. Par contre, il ne croit pas qu'il aurait été avisé pour le gouvernement d'agir plus tôt.
La Alt right canadienne est une réalité depuis plusieurs années, poursuit David Morin. On a probablement sous-estimé leurs objectifs initiaux, qui étaient vraiment plus séditieux que la question de mesures sanitaires, qui est devenue un prétexte, et on a sous-estimé leur capacité organisationnelle. Ce qui ne veut pas dire que tous les gens qui sont là sont des gens d'extrême droite, ajoute-t-il.
L'expert en radicalisme, David Morin, réfère au discours de la vice-première ministre du Canada Chrystia Freeland qui aurait laissé sous-entendre qu'il serait dès lors possible d'étendre les pouvoirs d'enquête sur le financement du terrorisme.