Les manufacturiers québécois réclament 90 000 immigrants par an
Radio-Canada
Les principaux partis politiques devraient s'engager à relever les seuils d'immigration annuels à 90 000 personnes au Québec pour atténuer la rareté de main-d'œuvre, plaide Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) qui a dévoilé ses demandes, mercredi, en vue de la prochaine campagne électorale.
Les effets de la rareté de main-d'œuvre ne sont pas aussi visibles dans les usines que dans les commerces ouverts à tous, mais ses conséquences sont bien réelles pour les manufacturiers, prévient la présidente-directrice générale de MEQ, Véronique Proulx.
Souvent, le manufacturier, ça doit fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, souligne-t-elle en entrevue. On ne peut pas arrêter une ligne de production comme ça nous plaît ou parce qu'on n'a pas les travailleurs. Ça met beaucoup, beaucoup de pression sur le manufacturier.
La pénurie de main-d'œuvre frappe de plein fouet le secteur, où il y a 31 000 postes à combler, écrit le MEQ dans le document présentant ses propositions. Parmi ses membres, 70 % affirment qu'ils ont refusé des contrats ou payé des pénalités pour un retard de production en raison d'un manque de personnel.
L'association, qui défend les intérêts de plus de 13 600 entreprises manufacturières, estime qu'il faudrait relever les seuils d'immigration à 90 000 personnes pour les trois prochaines années. Le seuil actuel est de 50 000. Le marché du travail a davantage de difficulté à ramener les travailleurs expérimentés et les jeunes sur le marché du travail, et c'est là qu'on dit que ça va prendre davantage d'immigration, explique Mme Proulx.
La cible proposée par le MEQ est supérieure aux chiffres évoqués par la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ). Le ministre du Travail et de l'Emploi, Jean Boulet, a dit que la cible devait rester aux alentours de 50 000, car le Québec avait encore du travail d'intégration à effectuer, lors d'une entrevue au journal Le Devoir la semaine dernière.
Au Parti libéral du Québec (PLQ), la cheffe, Dominique Anglade, a évoqué le chiffre de 70 00 immigrants. En fait, Québec prévoit déjà accueillir près de 70 000 immigrants cette année, ce qui comprend la cible de 50 000, mais aussi un rattrapage pour les personnes qui n'ont pu venir au Québec en raison de la pandémie, en 2020. Les libéraux proposeraient de laisser ce chiffre à 70 000 en 2023, plutôt que de le ramener à 50 000.
Mme Proulx estime pour sa part qu'il est possible d'intégrer 90 000 nouveaux Québécois à la société. Elle souligne que les immigrants temporaires, qui ont déjà un emploi, sont de bons candidats au statut d'immigrant permanent. Le gouvernement peut aussi accorder une attention particulière à l'immigration provenant de la francophonie, ajoute-t-elle.
Pour attirer plus de nouveaux arrivants dans les régions à l'extérieur de Montréal, le MEQ suggère également de verser un incitatif financier non imposable de 10 000 $ aux personnes installées depuis moins de cinq ans.