Le vin chilien comme nous le connaissons peu
Radio-Canada
Bienvenue dans la vallée de Casablanca. Non, ce n’est pas le Maroc. Nous sommes au Chili, entre la métropole Santiago et la ville mythique de Valparaiso, au bord du Pacifique. Nous sommes cernés par deux chaînes de montagnes, la magnifique cordillère des Andes et la plus modeste cordillère de la Côte.
Sur la terrasse du vignoble Villard, le propriétaire, Thierry Villard, regarde son domaine. Nous sommes privilégiés parce qu’il a plu cet hiver, c’est pour ça que tout est vert, dit ce Français d’origine qui vit au Chili depuis plus de 30 ans.
Car les changements climatiques ont réduit des deux tiers la quantité de précipitations annuelles au cours des dernières années, mais 2022 a échappé à la tendance. Dans tout le Chili, comme dans d’autres pays, le climat oblige les vignerons à changer leurs pratiques.
Mais nous nous sommes rendus dans cette vallée viticole parce qu’elle détonne de l’image qu’on se fait du vin chilien. Ici, pratiquement pas de cabernet sauvignon, de carménère ou de merlot. Beaucoup de chardonnay, de pinot noir et de sauvignon blanc.
Quand je suis arrivé ici, il y a 35 ans, Casablanca, ce n’était rien, raconte Thierry Villard. Il y avait moins de 200 hectares de vigne. En 20 ans, ça a grimpé à 6000 hectares. Aujourd’hui, il y a autour de 15 vignobles dans cette vallée qui est une des plus récentes du Chili viticole.
Quand j’ai commencé à planter du pinot noir, on m’a dit que j’étais fou, ajoute Thierry Villard en prenant une gorgée du Villard Le Chardonnay Grand Vin.
Aujourd’hui, le pinot noir de Villard reçoit de très bonnes critiques internationales. Son fils, Jean-Charles, est l’œnologue. Je voulais faire de la qualité, renchérit Thierry Villard. Mais ce parti pris a un prix : On ne peut pas faire de la qualité à grande échelle, ça devient trop industriel.
Il faut raconter cette histoire à l’étranger parce que tout le monde pense que les vins chiliens sont bas de gamme, ajoute la sommelière de Villard, Alejandra Gutierrez. Je ne veux pas dire du mal des vins industriels, mais on ne peut pas leur demander d’exprimer le terroir, l’identité.
Quand on demande à Alejandra Gutierrez et à Thierry Villard de comparer leurs chardonnay et pinot noir aux Bourgogne et Chablis français, ils répondent : Il ne faut surtout pas que ça goûte la même chose. Le terroir de Casablanca n’est pas le terroir de la Bourgogne.