Le 27 octobre 1992, l’armée canadienne cesse de discriminer les militaires LGBTQ
Radio-Canada
Il y a 30 ans, le 27 octobre 1992, un jugement de la cour fédérale du Canada oblige les Forces armées canadiennes à cesser leur politique discriminatoire à l’endroit des personnes homosexuelles. Durant des décennies, l’armée canadienne et la GRC ont appliqué une chasse aux sorcières à l’endroit des gais et lesbiennes dans leurs rangs, comme en témoignent nos archives.
La discrimination contre les homosexuels dans la fonction publique commence dans les années 1950, au moment de la guerre froide. On craint alors que les gais et les lesbiennes représentent un risque pour la sécurité nationale, car leur sexualité pourrait servir de prétexte à du chantage.
Une unité spéciale est formée au sein de la police militaire pour protéger les Forces canadiennes contre la présence d’éventuels espions communistes. Les homosexuels deviennent une cible, car on les croit plus susceptibles de mener une double vie.
Lorsqu’elle fait son entrée dans l’armée à la fin des années 1980, Michelle Douglas décide de rester dans le placard pour servir son pays. À cette époque, la peur règne chez les militaires gais et lesbiennes qui doivent cacher à tout prix leur orientation sexuelle.
Michelle Douglas se fait interroger par la police militaire en 1988 durant deux jours et finit par dévoiler son secret. Au sein de l’armée canadienne, un membre avoué de la communauté LGBTQ pouvait parfois garder son emploi, mais se voyait alors privé d’augmentation de salaire, de promotion, d’avancement, et ce durant toute sa carrière.
« C’était assez triste, la plupart fondaient en larmes vu que ce n’était pas accepté. (…) On arrive dans leur vie personnelle et on la bouleverse complètement. C’était poussé fort. »
Michelle Douglas elle, se voit exclue des Forces armées canadiennes. À 28 ans, elle décide de contester cette décision devant la cour fédérale en invoquant la Charte canadienne des droits et libertés. C’est ce cas judiciaire qui mène à l’abolition des pratiques de discrimination en 1992.
Avant l'affaire Douglas, un comité parlementaire recommande dès 1986 à l’unanimité que cesse le rejet des homosexuels dans l’armée et au sein de la GRC.
Le 11 janvier 1986 à l’émission d’affaires publiques Impact, l’animateur Robert Guy Scully rencontre Svend Robinson. Ce député du NPD dans Burnaby en Colombie-Britannique mène alors une campagne contre la discrimination pratiquée dans les Forces armées canadiennes et la GRC. Les mentalités sont difficiles à changer.